LOBBYISME POLITIQUE ET LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE 

0
682

LOBBYISME POLITIQUE ET LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE 

Pr Abdelatif FEKKAK (PES) [1]

I/ INTRODUCTION :

Depuis quelques mois déjà dans le Royaume du  Maroc, ‘’la diplomatie économique et la notion de Lobbying’’ sont à la mode avec la crise économique sans frontière territoire et  en raison de la médiatisation des nouveaux concepts des Sciences Humaines dans le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAE), des concepts vulgarisés sous des titres peu provocateurs et plus séducteurs dans les  Grandes Ecoles de Gestion dits :’’Ethique des affaires’’,‘’Ethnique politique et Transparence publique’’, sous forme d’un titre générique pour les entreprises et la CGME et les Chambres de Commerce au Maroc‘’ Gouvernance d’entreprise’’ dans les institutions politiques à caractère électif, dans les organisations économiques à caractère marchand et dans les associations de la Société civile à caractère non lucratif.

Le MAE n’a pas dérogé à la règle de cette vague mondiale depuis vingt ans en demandant à ses hauts cadres  centraux de classe de ministère plénipotentiaire, de participer à un séminaire d’échange pluridisciplinaire (sans aucun tabou) entre les Théoriciens de l’université sur cette question et les praticiens de haut niveau de l’international sur ‘’Le lobbying politique et la Diplomatie économique’’, de faire sortir du sérail la MAE de son école de pensée fermée et militarisé par la hiérarchie Makhzaniènne  pour permettre de faire aux nouveaux Ambassadeurs du ‘’Markéting des négociations internationales dans les coulisses politiques et la Diplomatie économique parallèle ou en annexe, avec une griffe Made in Morocco plutôt que  faire du ‘’Maroc-kéting du marchandage de type oriental avec une horloge bio-culturelle à l’heure orientale’’ avec une griffe particulière avec concept sociologique dit ‘’la casuistique [2] ’’.

Dans cette perspective, un séminaire[3] ‘’sur le lobbying et la Diplomatie économique’’, destinés aux Directeurs Centraux  du MAE de classe de Ministre plénipotentiaire. Les séminaristes, tiré sur le volet dont le métier principal est la MAE, faisant du lobbying et de l’éco-diplomatie sans le savoir (la prose sans le savoir, disait Mr Jourdan), avaient besoin de s’auto-évaluer théoriquement par rapport à l’épistémè générale pluridisciplinaire, de s’auto-situer culturellement par rapport à la pratique des milieux appropriés de la diplomatie économique, de s’autodéterminer profession- nellement par rapport à l’utilisation des concepts en vogue à la fois du ‘’lobbying politique dans les Affaires Etrangères et l’éco-diplomatie’’.

Le groupe de travail et de réflexion fut à point, avec la force diplomatique du verbe, la puissance des phrases métaphoriques des citations, le poids des concepts utilisés dans les approches multidisciplinaires, la magie des mots de séduction de l’attention et la séduction de l’attention de l’interlocuteur par les mots magiques de la diplomatie type occidentale (non la casuistique Makhzennienne donnant l’impression des Discours ex-professo, avec la science infuse).

Ces atouts peuvent bouleverser les interlocuteurs dans les négociations dans les coulisses de la diplomatie parallèle que l’on appelle le lobbying. Malgré cette haute voltige de passer d’un bord à l’autre, en raison de la transversalité de leur métier de diplomate, représentant la noblesse de l’Etat et l’image du Royaume du Maroc, le groupe de séminariste, ne s’est pas senti -tout est à leur honneur et leur Ethos- à l’abri technique des interrogations épistémologiques, pour éviter les critiques des universitaires théoriciens sans pratique de ce monde parallèle.

Entre le jeu de pouvoir d’influence d’ordre politique par les acteurs de la diplomatie et les enjeux stratégique d’ordre économique qui nécessitent la maitrise des concepts de la sociologique des organisations notamment le système concrète des actions collectives avec des acteurs fédérateurs analyse systémiques), il y a aussi des ‘’Zones d’incertitude’’ (le concept) qui, sont à contrôler dans les coulisses du pouvoir, se situent  entre le légitime et le légal (Juridique), entre le patent et l’apparent (psychologie), entre le Gand de la main de velours visible et la main de fer invisible (économie), entre le fils d’Ariane du monde  du personnel politique et du monde économique (sémantique, sémiologie et heuristique de la grammaire et la syntaxe politique),

Les trois concepts sociologiques : L’acteur, le Système et zone d’incertitude sont  une façon de rappeler en 2013 une veille théorie de près de cinquante ans, popularisée en France à l’époque par le Pr Michel Crozier (dans son livre La société bloquée) et son Centre de sociologie des Organisations : l’analyse stratégique des organisations. Cette théorie, apparemment, pas facile à saisir parce que sociologique (par opposition à managériale) reste pourtant d’une actualité frappante alors que les points de repères des coulisses politiques (les zones de pouvoir), sont en train de changer dans les entreprises privées et dans l’administration publique alors qu’elles passent, nolens volens, de plein gré ou non, à de nouveaux modèles organisationnels plus fondés sur la collaboration systémique et l’intelligence des actions collectives concrètes du lobbysme et de l’éco-diplomatie.

Les ‘’acteurs diplomatiques’’ prennent leur « pouvoir d’influence » dans les ‘’zones d’incertitudes’’ qu’ils contrôlent. Par exemple : L’administration douanière dépend du bon vouloir des douaniers à faire une grève du zèle qui pourrait bloquer un service, voire un aéroport. Second exemple : La plupart des individus dépendent de la façon dont sont construits les modes d’évaluation et de la hiérarchie qui les met en œuvre, pour leur évaluation annuelle et notamment les Administrations militarisées par la hiérarchie de type colbertisme ou Makhzanien avec son protocole.

Troisième exemple : La rétention ou la rumeur ou les peaux de banane d’une information, dans un système qui, crée des « dépositaires des on-dit et on a entendu», devient un instrument de pouvoir par rapport à ceux qui en ont besoin, risque de faire chuté des acteurs ministériels, voire un Gouvernement qui répètent l’information fausse, travaillé dans les coulisses ou les zones d’incertitudes. Le pouvoir issu de la maîtrise d’information non divulguée ou info brute non finalisée a été longtemps, et reste encore partiellement, une source de frustration pour  des acteurs ministériels qui en sont victimes, mais les premiers responsables hiérarchiques du MAE.

Autre exemple classique :  Dans certains cas le harcèlement peut être une zone d’incertitude dès lors qu’il est inscrit dans les règles de l’organisation, comme par exemple dans le management par objectif quand ceux ci sont inatteignables. Les OS devant leur machine en panne dépend de la vitesse à laquelle le service de l’entretien  et la maintenance viendra la réparer parce que sa prime de productivité ne prend pas le temps de panne en compte, D’où le conflit n’est plus entre la hiérarchie, déplacé au niveau syndical en catégorie de travailleur.

Le « système  d’action collective» est l’ensemble des règles de travail et des normes culturelles d’un ministère ou d’une entreprise publique entourant le travail des acteurs dans une organisation. Par nature ces règles et structures créent des zones d’incertitude, donc de pouvoir. Les jeux du pouvoir entre les acteurs et les enjeux du système d’action sont toujours générateurs d’un certain niveau d’anxiété par ce que les ‘’Zones d’incertitudes’’ sont toujours  entre le ‘’dit’’ et le ‘’non-dit’’(les codes de la Psychanalyse), entre les règles et les normes (du champ de la socio-anthropologie), entre les symboles du Makhzen et les mythes d’un pays (culture), entre les jeux des acteurs du pouvoir et les enjeux des modes de raisonnement organisationnelle et de raisonnement systémique (spécialités de la sociologies des organisations), entre les acteurs politiques de la scène publique et les metteurs en scène dans les coulisses  (Gestion du lobbying) etc..

L’ouverture internationale par nature de la culture interne Makhzeniène du MAE vers une nouvelle culture extérieure pour  des relations continentales bouleverse qui, les zones d’incertitudes établies contrôlées et contrôlables, crée de nouvelles angoisses, permet l’émergence de nouvelles zones de pouvoir qui nécessitent un nouveau système d’action collective concrète et fédératrice.

Ce qui change aujourd’hui se situe dans ce bouleversement de l’organisation qui conduit non seulement à plus de collaboration collective extérieure et à plus de transversalité de l’intérieur mais aussi à une bonne gouvernabilité des actions collectives ministérielles et une plus grande ouverture à l’extérieur avec leurs contraintes économiques et leurs opportunités politiques. Les zones d’incertitudes deviennent plus vastes et plus angoissantes, voire ingérables dans les coulisses que l’on appelle le lobbying et la diplomatie économique. L’organisation nouvelle peut se caractériser par le schéma directeur suivant : Un environnement économique très anxiogène notamment lié à la situation économique mais aussi aux risques plus grands de voir les leaders politiques du sérail changer, les savoir-faire, le savoir-être, le savoir-paraître devenir obsolètes, etc..Remettre les compteurs à zéro, n’est pas une solution, les leaders peuvent mais la culture doit rester pour développer un raisonnement systémique au niveau des MAE.

La maitrise de ces concepts pose une problématique d’ordre épistémologique qui nécessite ou mérite un séminaire autorégulation pour les cadres de haut niveau pour s’oxygéner les neurones en faisant un brainstorming et mieux ‘’se frotter les esprits’’, pour reprendre une fameuse expression d’un poète Ronsard, protégé par Charles IX, Roi en France[4].

II/ PROBLEMATIQUE  EPISTEMOLOGIQUE  DE DEUX CONCEPTS : LOBBYING ET LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE

La ligne conductrice du séminaire introductif fut de poser plus de questions sur les pratiques du Lobbysme que de réponses sur la diplomatie économique, plus de d’hypothèse de certitudes, plus d’impression que de résultats sur «le Management des deux concepts». Il est pratiquement impossible de diriger la culture d’un pays et la culture des MAE, de comprendre la mentalité des leaders des affaires étrangères ou la logique de ses dirigeants, de saisir les normes culturelles souterraines du fonctionnement des Ambassades, si l’on n’est pas conscient de l’étroite relation qui existe entre les structures culturelles et organisationnelles du lobbying qui conditionnent l’éco-diplomatie et la performance d’un MAE.

Le titre de séminaire sur le «Management du Lobbysme et la diplomatie économique» est non seulement provocateur, mais témoigne aussi d’une prétention démesurée si l’on prétendait couvrir tous les problèmes épistémologiques des ces deux concepts pluridisciplinaires et transversaux des ministères du Gouvernement qu’ils sont susceptibles de traiter. Il ne s’agit pas d’aborder tous les aspects que pose ce  séminaire à la mode et vague parce que les deux concepts n’ont, ni de Pape pour donner une leçon inaugurale ex-cathedra , ni de chercheurs attiré et connus dans ce domaine, ni de champ limité à la recherche scientifique, encore moins la maitrise de tous les problématiques culturelles et géopolitiques qui se posent et s’exposent pour être résolus par le MAE.

Management du Lobbysme et Eco-diplomatie sont deux concepts sociopolitique au centre des débats épistémologiques entre le management de la culturelle et la sociologie politique Made in Morocco. Ces deux concepts fondamentaux qui, sont considérés aujourd’hui comme les deux faces de la même pièce en l’occurrence de l’éco-diplomatie et le lobbying, ne sont que le produit de la pratique des Ambassadeurs et conseillers plus  économiques et influents à l’image du dynamisme  de la culture américain du lobbying que des pratiques politiques de la ruse au niveau international et le reflet de la culture du Markéting politique ou économique.

A la ressemblance, les deux concepts doivent être intégrés  dans le logiciel de la culture ‘’Made in Morocco’’ et être considérés comme ensemble des actions promotionnelles menées par des pouvoirs publics dans le but d’attirer davantage d’Investissements Directs de l’Etranger (IDE) et les convaincre de venir investir sur leur territoire économique, de promouvoir le label territorial de la régionalisation avancée au Royaume du Maroc.

Avec la mondialisation sans frontière économique, sans frontière régionale, sans frontière culturelle et sans frontière satellitaire des images télévisuelles, s’est développé deux nouveaux concepts plutôt latents que patent, légitimes plutôt que légales, des mains invisibles eco-diplomatiques plutôt que apparents en termes politiques comme disait Adam Smith,   une approche sociologique de la diplomatie officieuse plutôt qu’organisationnelle officielle, un système concret d’action où l’on a une vision systémiques de la diplomatie et les zones  d’influences des jeux et des enjeux stratégiques, plutôt que le contrôle des ‘’zones d’incertitudes de l’éco-diplomatie, par des acteurs ayant le pouvoir politique de contrôler des enjeux stratégiques du lobbysme.

          Le Lobbysme et l’éco-diplomatie qui, ne font pas parti, ni des traités de la  diplomatie classique, de la diplomatie conventionnelle, se situe entre le concept juridique des règles dans un Etat de Droit (non un Etat de passe-droit), et les normes culturelles (non pas internationales, mais sociologiques du pays d’accueil).Notions sur lequel nous y reviendrons pour le développer dans le corps de cette exposé.

La diplomatie économique  et le lobbysme ne sont pas le Royaume des bons sentiments, avec une relation de la notion juridique de ‘’Bon Père’’ de fa mille, de la Bonne Gouvernance (avec une Ethique politique, une transparence économique, un choix de casting des Hommes politiques, sur la base de la méritocratie pour chacun et la démocratie pour tous), la justice dans un Etat de droit (avec une société de confiance au détriment d’une de méfiance), une croissance avec un développement régionalisé que la société partage pour éviter le fossé mortel entre ‘’les trop riches les pauvres’’ par accident de l’histoire et sans culture universitaire en dehors de la spéculation et ‘’les trop pauvres par mégalomanie’’ par l’ignorance religieuse et par la misère sociale des Etats sans humanisme, sont le terreau du terrorisme politique et religieux, de l’hooliganisme dans le sport, de la violence urbaine, de la violence de la circulation.

L’Eco-diplomatie n’est d’avantage aussi, ni celle de l’habilité culturelle de tremper sa plume dans le vitriol, ni de la ruse politique en trempant sa plume dans l’encrier de la diplomatie.  Est-elle  du domaine de la force qui n’est pas méprisable parce qu’il n’y a pas de politique des affaires étrangères sans la force du lobbying et de la diplomatie économique, parce que la force  du lobbying est le moyen spécifique de la diplomatie économique, parce que la force du lobbying est la ruse de l’éco-diplomatie, parce que la force du lobbying est dans la fameuse ‘’zone d’incertitude’’ entre le force des règles internationales et d’Etat de droit au sens juridique du terme et les normes sociétales de la ruse politique et de l’éco-diplomatique au sens sociologique du terme.

Aujourd’hui, face à la crise économique mondiale (crise des surprimes, crise financière, crise d’endettement des politiques publiques et crises de confiance des marchés), le politique s’efface de l’économique de la mondialisation. De même, les organismes internationaux d’ordre économique et le comportement des leaders de l’éco-diplomatie et du lobbying seront certainement très différents de ce qu’ils étaient hier.

La diplomatie économique et le lobbying ont la chance ou le risque de s’ouvrir à la pluridisciplinarité des sciences humaines et sociales en l’occurrence à la culture économique, à la démocratie parlementaire, au commerce extérieur équitable des produits de premières nécessités, à la science politique, à la sociologie politique et le droit privé international, l’éthique des affaires etc..

C’est avec ‘’la géographie (l’écologie de l’économie durable) que l’on fait de la politique’’ disait Bismarck en son temps. L’ouverture épistémologique avec les différentes approches méthodo logiques peuvent aider les acteurs du MAE à avoir une autre vision sur l’avenir de la diplomatie classique et conventionnelle en proposant de nouvelles analyses  radicalement différentes en termes d’analyses sociopolitiques et d’analyses systémiques.

Cette approche stratégique rejette les caricatures des Etats et les clichés des sociétés salariales qu’entrepreneuriales, basées sur la commercialité des échanges extérieures, sur lesquelles l’éco- diplomatie  et le lobbysme sont fondés jusqu’à présent pour servir toute la complexité politique  des sociétés humaines en ignorant la culture de la sociologie des organisations qui travaillent avec des outils du lobbying, avec les jeux de pouvoir entre les acteurs, avec le contrôle des Zones d’incertitudes et l’ analyse des systèmes concrètes d’action collectives que attaquer dans le chapitre suivant.

           III/ LA CULTURE SOCIOLOGIQUE : OUTIL DU LOBBYING

Les débats scientifiques sur la culture sociologique comme un outil de l’éco-diplomatie et du lobbying sont liés, sans doute, à des raisons du découpage de l’épistémè générale. Celles- ci ne font que dévoiler les véritables problèmes que posent la définition et la confusion sémantique, sémiologique et heuristique entre l’origine des concepts culturels utilisés et repris avec une conception empirique par les MAE, sans mettre la portée des valeurs d’analyse, telle que la différence entre normes et règles, entre structure et organisation, entre organigramme et sociogramme, entre gestion de l’identité culturelle d’un pays et gestion de la culture d’une ambassade, entre transparence économique et éthique politique, mieux entre lutte de classe dans un pays et lutte des places des individus  sans méritocratie etc.

Les diplomates utilisent la culture sociologie  des organisations dans un pays comme l’ivrogne utilise le réverbère d’une ‘’lampe d’Aladin du PDJ’’, non pas pour avoir une visibilité sur le long terme, mais pour s’appuyer dessus. Cette métaphore illustre parfaitement les difficultés qui caractérisent les rapports entre la diplomatie officielle et le lobbying économique ou la politique informelle, latente discrète des coulisses ou un train peut cacher un autre.

Deux approches culturelles qui se situent au confluent de deux modes de pensée, deux pratiques diamétralement opposés, sinon deux types de discours différents, mais l’une à l’autre s’intéressent à l’organisation à partir des conceptions différentes qui sont souvent plus complémentaires qu’étrangers :d’où d’ailleurs les expressions «Management des organisations de la diplomatie» et  »La stratégie culturelle des coulisses  de la scène internationale ». Il n’est pas inutile d’illustrer ces affirmations par deux exemples conceptuels qui différencient entre les règles et les normes d’une part et entre «structure et organisation» d’autre  part avant de continuer pour vous mettre dans le bain de la «théorie de la pratique» des organisations.

        3.1/ Delta conceptuel entre les règles juridiques et les normes sociologiques

Le premier exemple de confusion  entre les normes culturelles et les règles juridiques dans une organisation. Pour le sociologue les règles en principe obligent et contraignent, par contre les normes culturelles dans une Administration comme la MAE orientent et informent sur l’état d’esprit des  lieux. Si les règles sont une contrainte, les normes sont des critères culturels. Inversant la situation des concepts pour la vérifier sociologiquement parlant :

Le  non-respect des règles juridiques encourt  en principe, les mêmes sanctions juridiques pour tout le monde, voire jurisprudentiel, alors que le non-respect des normes sociologiques du MAE entraîne un rejet du groupe d’activité, engendre une marginalisation de la société, voire une exclusion sociale ou professionnelle, sinon une mise en quarantaine de l’individu dans l’exercice de ses fonctions.

Si l’illégalité se définit par un comportement en dehors des règles de l’organisation juridique, l’illégitimité se définit par un comportement en dehors des normes de la société. Les règles et les normes n’obéissent pas à la même logique. Elles ont des lieux sociologiques d’apparition différents parce que les règles se définissent dans un espace organisationnel, alors que les normes et valeurs sociales se définissent dans le champ culturel sociologique que Michel Crozier  appelle «les zones d’incertitudes».

Or, il est regrettable qu’un gestionnaire talentueux comme F. Chazal pour prendre un exemple français en évitant les sensibilités marocaines, auteur de nombreux articles sur «les normes et valeurs sociales dans les entreprises», définisse dans l’Encyclopédia Universalis ‘’les normes sont comme des règles qui régissent notre conduite en société’’.  Il ne s’agit pas d’une régularité statistique des comportements (sans commentaire). Un auteur Lucien Nizard un grand planificateur français qui, d’ailleurs reprend la définition des normes par Chazal, fait une confusion analogue à propos des normes produites par le Plan en France.

Pour cet auteur, qui écrit un article dans la Revue Française de Science Politique «De la planification française : production des normes de la France » (je cite) : L’orientation du plan a choisi un taux de croissance de 3% avec la réduction du travail à 35 heures par semaine» (fin cit.). Dans ce cas de figure, on prend une décision administrative, mais on ne crée pas des normes sociologiques, ce qui n’a fondamentalement par la même signification conceptuelle dans l’analyse des pratiques organisationnelles d’autant plus que d’autres auteurs confondent des notions élémentaires plus graves pour les praticiens de la gestion entre «structure et organisation » qui fait l’objet du second chapitre.

3.2/ Delta conceptuel et culturel entre : Structure/Organisation d’une Administration

         Les sociologues distinguent entre les concepts d’organisation et de structure que les diplomates identifient confusément l’un pour l’autre. Le concept d’organisation désigne plutôt le fonctionnement des unités de production, leur genèse, leur émergence parce que le concept lui-même n’est pas totalement indépendant de la société globale. Il est le reflet de la culture sociétale, l’expression d’identité visuelle, l’image d’une société, les pratiques secrètes ou de ruse politique d’une société.

Le concept d’organisation, version des sociologues, signifie que l’on est dans un système social et politique où les lois, les statuts, les règlements intérieurs, les rites, les symboles ne décrivent qu’une faible partie de la réalité des structures parce que dans la vie des Administrations, la culture des ministères, les normes culturelles s’entourent volontiers de mystère, d’irrationalité et de secret où les initiés du lobbying et de l’éco-diplomatie les dérobent farouchement à la vue des profanes du sérail.

Or, il ne reste pour le gestionnaire que les structures fossilisées, empiriques et formelles avec les pratiques professionnelles peu orthodoxes, les tuyaux du métier, les détournements des règles de fonctionnement qui deviennent des normes de sociétés, structures certes faciles à décrire, mais difficiles à décrypter dans une organisation sociale bicéphale où se juxtaposent à la fois une société élitaire et une société populaire, une société de confiance et une société de méfiance.

Feu Alain Pierrefyte, qui avait soutenu une thèse, avant d’entrer l’Académie Française, sur les «sociétés de confiance», avait démontré avec la comparaison sociologique avec d’autres sociétés contemporaines que les sociétés qui réussissaient historiquement sont, non pas grâce à la démocratie pluraliste, mais grâce à la confiance, parce que dit-il: «La démocratie pluraliste, qui peut être détournée de son essence par les ‘’sociétés de lobbying’’, risque de la transformer en une ‘’démocratie sans peuple’’, des ‘’Ministres sans portefeuille’’, des ‘’Etats sans territoire’’(comme la RASD), des ‘’Professeurs sans classe’’,voire ‘’ des Ministres sans classe internationale’’, des ‘’développement sans croissance’’, ‘’les Parlements sans élites intellectuelles’’, ‘’Avec 63 % d’analphabètes élus  dans La Chambres des Députés, il est souhaitable de travailler avec un ‘’Gouvernement majoritaire d’illettrées’’ pour les élus et les électeurs comprennent la perte ‘d’élire, celui qui est le désigné comme populaire’’.

Moralité de l’histoire, le concept qui relève théoriquement de la sociologie des organisations, plutôt que de l’empirisme des structures, est le reflet des «organisations politiques, économiques et sociales».  Les Diplomates classiques préfèrent parler de «structure en vrac» parce que ce concept fort imprécis et vague correspond à des entreprises commerciales, à des institutions politiques et à des associations culturelles si «peu ossifiées» qu’il est extrêmement difficile de les rattacher à l’une des trois ou quatre typologies de sociologie d’organisation.

Les structures ne correspondent ni à une organisation pyramidale, ni à une organisation fonctionnelle et encore moins à une organisation mixte (Staff and line), capables de faire des articulations verticales ou horizontales, capables d’être à l’écoute de leur propre clientèle que l’on appelle aujourd’hui, ‘’les organisations à l’écoute’’(Réduisant la hiérarchie).

Les structures sont si «peu vertébrées» qu’il est extrêmement difficile de les rattacher respective ment à une doctrine libéralisme politique, libéralisme l’économique, un discours cohérent de la société civile. Elles ne savent faire que deux gestes commerciaux : la spéculation et la ruse avec les règles des organisations. Le sociologue Mohamed Guessous appelle ces «pratiques socio-structurelles» «Lhamza des affaires juteuses».

Dans ce cas de figure, le concept de structure des organisations, cher aux gestionnaires, n’apparaît pas dans les organisations marocaines, parce que l’aspect culturel l’emporte de loin sur l’aspect structurel des entreprises. Il ne reste pour le gestionnaire que du «folklore» dans les entreprises et «la ruse des métiers» à analyser dans les organisations qui nécessitent une théorie de la pratique pour comprendre le phénomène des organisations. 

3.3/ Théorie de la pratique des organisations à l’image de la société

Pour Pierre Bourdieu dans l’un de fameux livre intitulé justement «L’esquisse d’une théorie de la pratique», il est nécessaire dès que l’on désire dégager des structures les des pratiques de leur reproduction condamnable «on n’est donc confronté à des pratiques, improvisées par chaque corps de métiers qui tendent à constituer des organisations, non pas de droit mais des sociétés de passe-droit» en développant avec les pratiques une fertilisation de la ruse, en dehors des règles de l’organisation et les normes de la société.

Ce qui entraîne des stratégies commerciales «de se faire avoir», des guets-apens, des coulisses, les sociogrammes plutôt que les organigrammes de l’incivisme des citoyens, de la non-transparence des sociétés. Bref, la tendance donc vers une société de combine, c’est le passage de la société confiance vers une société de méfiance, d’une société de corruption vers une société d’insécurité, d’une société sans éthique vers une société sans ethos, sans morale et sans honneur.

Le principe de  génération de ces pratiques de ruse, que Pierre Bourdieu appelle  «les habitus qui sont structurés par l’intériorisation des pratiques de la profession, et structurante par extériorisation réoriente la ruse des métiers sans que les praticiens de la profession la diriger sans s’exposer comme des chefs d’orchestre. La théorie des organisations est une approche pluridisciplinaire n’a rien de découvrir, mais tout est à redécouvrir dans les pratiques des organisations, mais avec une lecture sociologique de la modernité.

C’est comme si l’on avait une carte de route avec un chemin qui a disparu avec l’usure du temps et l’histoire. En pratique, il ne reste du chemin que quelques traces fossilisées alors que théoriquement, la route existe sur la carte, mais par terre il ne reste que les «folklores de la gestion caidale» qu’il faut redécouvrir pour comprendre le devenir historique de nos entreprises pour faire face à la mondialisation. C’est une interrogation doctrinale sur le mode de raisonnement systémique et sociologique du fonctionnement des organisations où l’on doit raisonner  «globalement sur la mondialisation en stratège et agit localement en primitif».

C’est qu’il ne faut pas croire au regard immédiat de l’œil, mais à son cerveau, écrit un scientifique. L’œil croit bien voir avec un regard naïf et très pratique que la terre est plate, seul le cerveau lui dit que c’est un «trompe-l’œil», elle est plutôt ronde. Affirmatif, le réel est pratique chatoyant qui change de couleur chaque fois que l’on change de position.

«Un chien n’est pas un chien» disait Spinoza car il existe un écart entre la pratique (le réel) et le théorique (la réalité). La pratique est insaisissable parce qu’imaginaire avec le regard naïf et immédiat, illisible à l’œil nu et pratique sans grille d’analyse sociologique. Que le peu d’effort et de réflexion à fournir ne sont plus suffisant pour saisir la pratique ?

Le théorique n’est pas à la disposition du sujet. La théorie de la pratique déconcerte les théoriciens de la gestion qui réfléchissent sur les pratiques culturelles de la ruse des métiers sans les pratiquer et ceux qui les pratiques sans avoir l’opportunité y réfléchir sur les théories des organisations qui font l’objet d’analyse des sociétés à risque politique que la  Diplomatie doit détecter d’avance.

IV/ LES NOUVELLES SOCIETES A RISQUE POLITIQUE (PRINTEMPS ARABE)

Faut-il rappeler à toutes fins utiles que  nous sommes face à de nouvelles sociétés à risque politique du Printemps Arabe, de risque de catastrophes nucléaires (Tchernobyl en Russie et Fukushima au Japon), risque de bombe atomique (Iran, Israël et Corée du Nord), de risque aussi disparate que les OGM (Organisme Génétiquement Modifié), les risques de la vache folle, les risques les oiseaux migrateurs porteurs de grippe aviaire (la souche H5N1), la radioactivité de la Hague, les risques de propagation du Sida par le tourisme sexuel, les risques de l’immigration, risque du terrorisme religieux, les risques de la pauvreté, les risques  de la circulation routière en raison de l’absence de l’intelligence de la conduite des engins roulants  avec les permis, non pas de conduire, mais de chasse etc..

La notion de la sociologie des risques fait aujourd’hui fortune avec la diplomatie économique, elle fait peur et se négocie, parce que le risque de l’attentat du 11 septembre 2001 et l’exposition d’une usine chimique à Toulouse, la diplomatie  des pays à risque s’interroge sur les ‘’risques zéros’’, sur l’assurance des échanges extérieurs, sur la responsabilité de la mobilité de l’immigration, sur la prévention par les délocutions des multinationales, sur les offshoring, sur les centres d’appel, sur l’Outsourcing, sur la délocalisations des entre prises industrielles, sur les accords du libre échange et de partenariat ou d’association. La diplomatie économique et le lobbying peuvent-ils fournir des solutions alternatives pour diagnostiquer le changement à risque politiques des sociétés en attente d’une explosion à nœud comme une bombe à retardement

Nous vivons dans un nouveau monde sans frontière économique, plus dangereux qu’auparavant, le risque  politique est désormais  beaucoup  plus qu’une menace économique: la diplomatie économique se mesure par le degré de la pression du lobbying  nos acteurs des affaires étrangères sur la scène internationale et la nature des approches stratégiques de notre système d’action collective face aux jeux du pouvoir et les enjeux d’influence géo- stratégiques.

A la logique de la répartition des risques politiques s’efface une nouvelle logique de la répartition des richesses. L’éco-diplomatie nous contraint à s’interroger continuellement sur les fondements de nos valeurs culturelles, démocratiques et diplomatiques parce que l’évaluation des politiques publiques de l’intérieur, reflète forcement la politique publique de l’extérieur. La diplomatie économique fait du ‘’devenir historique’’ du Royaume du Maroc  la question du présent et de l’avenir notre ligne d’approche du lobbysme.

L’objectif essentiel de contrôler  la maîtrise d’utilisation des outils d’un raisonnement en termes de stratégies : l’analyse organisationnelle s’articule entre le raisonne- ment stratégique et le raisonnement systémique. Sans nier la nécessité organisationnelle, force est de reconnaître que les stratégies de pouvoir, rivalités internes, ne se passent pas d’une manière aussi harmonieuse.

Chaque acteur a une vision différente, à une stratégie pour assurer le fonctionnement de l’ensemble, cette vision différente entraînant des stratégies pas toujours concordantes, d’où des conflits autour des ‘’zones de certitudes’’, normes non réglementées par l’organisation.   L’enquête est effectuée par un sociologue dans un pays, investie d’un monopole d’Etat. Cette précision est importante, car elle signifie, en terme d’analyse des organisations, que le pays  ignore complètement son environnement extérieur, considéré pour lui  comme stable. La politique intérieure d’un pays reflète-t-elle la politique des affaires extérieures ?

Cette enquête qui n’est pas à l’abri des interrogations épistémologiques générale, nous a permis de nous familiariser avec ces concepts rébarbatifs pour poser simplement  la question suivante : l’organisation, qu’est-ce que c’est en français, en dehors de la langue de bois ? Est-il besoin de rappeler que la simplicité de la question n’implique pas l’évidence d’une réponse ? Pour peu que l’on interroge soi-même, on s’aperçoit que le terme générique d’organisation peut représenter une Ambassade, une entreprise, un établissement éducatif, une institution politique, une association, une coopérative, une mutuelle, un syndicat, un hôpital, une prison, un groupe de pression, une organisation secrète, une secte religieuse, une institution familiale, des  partis politiques, l’Etat lui-même est une organisation générique et que sais-je ?

Tous ces termes évoquent à la fois des notions vides de sens avec le paradoxe de la puissance des images multiformes, la force de l’organisation et le pouvoir massif des bureaucraties. Le génie des organisations fait peur parce qu’il n’est pas neutre par son rôle et par ses structures, parce qu’il a une logique qui s’impose à ses membres, parce qu’il dispose d’un discours, parce qu’il dispose d’un pouvoir latent qui limite les libertés individuelles, parce qu’il définit les contraintes pour les actions collectives, parce qu’il restreint les initiatives politiques, parce qu’il nous contraint à respecter nos devoirs et nos obligations.

V/ LE GENIE DES ORGANISATIONS : C’EST LA MAIN INVISIBLE DU LOBBYSME

Le génie des organisations, c’est qu’elles agissent comme un filtre ne laissant passer que ce qu’il veut. Tout n’est pas permis dans une organisation ou une institution. L’organisation définit non seulement les règles du jeu des relations internationales, d’un parti politique ou de l’Etat, mais aussi conditionne étroitement et indélébilement l’évolution culturelle respectivement d’une mentalité d’entrepreneurs, d’une évolution managériale particulière, d’une évolution idéologique originalité pour les partis dits fonctionnalistes (type américain), des Partis dits structuralistes (type occidental avec toutes les variantes classificatoires des partis de masse des partis de classe, des partis communistes des partis fascistes, les partis socialistes des partis libéraux etc.

Le génie des organisations, c’est qu’il conditionne l’évolution particulière des Etats modernes, plus démocratiques, plus ouverts au changement, moins idéologique, moins doctrinal et apolitique vers un Etat historique, un Etat prométhéen, un Etat fonctionnel, un Etat gestionnaire, un Etat Léviathan. Cette espèce de monstre tentaculaire qui, a fini non seulement par son génie d’organiser des démocraties pluralistes, de définir les règles du jeu de la bipolarité politique, par rendre biodégradables les idéologies révolutionnaires, mais aussi d’ajuster dans sa logique les partis extrémistes. Ce colosse aux pieds d’argile a besoin aujourd’hui de toutes les compétences, les potentialités, toutes les énergies, toutes forces vives structurées d’un pays à mettre sur pied pour faire face aux échéances politiques de la mondialisation.

C’est ce caractère du génie des organisations qui a d’abord frappé les sociologues, trop impressionnés par l’efficacité électorale des partis politiques que les Américains appellent «une machine», les partis communistes l’appellent «appareil», les partis libéraux «la structure », les extrémistes de gauche l’appellent avec un concept expressif  »l’Organi- sation » (mais avec une majuscule symptomatique). Tout un courant de pensée pessimiste, effrayé par les conséquences inéluctables, de l’omniprésence et de l’omnipotence ce phéno- mène sociologique des organisations, ont compris que l’organisation est devenue un moyen indispensable pour des actions collectives en matière politique ou managériale.

Ce courant voyait se dessiner un avenir avec une «démocratie sans peuple» où la participa- tion de chaque citoyen serait remplacer  par des «managers» et «des technocrates» et les «Hommes des structures» que Schumpeter et Galbraith appellent cette intelligentsia au sommet des grandes organisations publiques et privées, la «technostructure» qui écraserait le citoyen dans un univers anonyme de règle impersonnel, dans une société de masse homogénéisant les individus dans la coulée de la bureaucratie infernale.

Or, avec le recul historique, une telle vision s’est avérée quelque peu exagérée. Une simple description des organisations ne nous renseigne ni sur son génie et encore moins sur son essence. On a donc besoin d’une explication nécessairement sociologique du non-dit des organisations. C’est à dire d’une théorie qui explique la complexité de ce phénomène.

Or, les théories des organisations ne jouissent pas d’une grande crédibilité auprès des gestionnaires qui sont dominés par un discours empirique, un discours pragmatique, un discours utilitariste avec une thérapie de choc. Or, les praticiens de la gestion ne retiennent que le choc sociologique de la culture des coulisses, mais pas la thérapie  managériale des organisations.

VI/ LES ACTEURS DE L’ECO-DIPLOMATIE ET DU LOBBYING

Avec la mondialisation sans frontière économique, sans frontière des risques climatiques des effets de serre,  s’est forcement développés deux acteurs de la diplomatie conventionnelle : « Le leader de l’éco-diplomatie et  l’acteur du lobbying » qui se situent au confluent de deux cultures politiques et économiques, diamétralement opposées, sinon différentes : l’une est une diplomatie orientale qui puisse sa force d’orgueil dans l’identité nationalitaire et ses résistances ses propres valeurs dans le marchandage  (pas la négociation qui est une technique diplomatie) comme une horloge biologique culturelle à l’heure orientale et imposant et  l’autre un diplomatie occidentale où les deux acteurs puisent tantôt leur rajeunissement, tantôt leurs  forces  politiques,  tantôt leur vulnérabilité économique. ‘’Il Faut bien que quelque chose change pour que l’essentiel demeure. G. Di  Lampedusa dans le ’’Le  Guépard’’.

La diplomatie politique peut-elle tenter de réguler la démocratie économie ? L’Etat est-il représentatif de la société  par la démocratie pour tous et la méritocratie pour chacun ? La légitimité n’est-elle pas un concept dépassé dans les Etats dictatoriaux ou remis en valeur, grâce au printemps Arabe ? La participation politique n’est-elle qu’une illusion dans le Maghreb politique ? Sous quelle condition la démocratie pluraliste et parlementaire peut-elle fonctionner  sur une base d’ordre économique, mais non politique ? Telles sont les questions qui méritent une réponse.

Concurrence nationale faussée par la corruption, absence de méritocratie pour le choix du casting des postes ministériels au profit du népotisme et de la médiocratie des élus politiques des Partis Politiques (63% illettrées d’élus aux Chambres Parlementaires), évolution technologique non maitrisée avec un secteur d’informel, limitation des marchés, restructuration industrielle et des entreprises de services, révolution de la jeunesse  et des sociétés civiles contre l’abus de pouvoir, la confiscation des valeurs de la démocratie comme ascenseur social, éducation d’une génération sacrifiée avec  système scolaire et universitaire au rabais ont malheureusement augmenté les difficultés des trois acteurs en situation de crise (politique, économique et sociale) sans précédent  dans l’histoire du monde Arabe.

Depuis quelques années déjà aux Etats Unis et en Occident, la démocratie économique et la notion de Lobbying est à la mode en raison de la médiatisation dans les Grandes Ecoles de Gestion et aux Ministère des affaires étrangères. Ensemble des actions promotionnelles menées par des pouvoirs publics dans le but d’attirer davantage d’investisseurs étrangers et les convaincre de venir investir sur leur territoire économique, de promouvoir le label du territoire.

L’Eco-diplomatie ou la diplomatie économique confère aux représentations diplomatiques et consulaires la mission de soutenir les efforts de relance économique du gouvernement et des organismes publics de promotion économique en servant ‘’d’interface’’ entre les opérateurs privés nationaux et ceux des pays accrédités afin de trouver de nouveaux débouchés pour les produits industriels ivoiriens et de mobiliser les investissements directs étrangers. La lettre de cadrage de 2001 du Ministère d’Etat, ministère des Affaires Etrangères et la 2ème Conférence des Ambassadeurs constituent les bases juridiques de l’Eco-diplomatie. En effet, la conférence a indiqué que  ‘’le rôle d’agent de développement du diplomate est déterminant dans’’ :

1/ Les actions collectives concrètes des leaders éco-diplomaties

  • La recherche de financement,
  • La promotion commerciale (à ce titre, les ambassades exploitent à travers leurs services économiques, commerciaux, touristiques et autres, toutes les opportunités d’affaires au profit de l’économie nationale et du secteur privé, en liaison avec les associations professionnelles) ;
  • L’organisation et l’animation de forums promotionnels en rapport avec les secteurs clés identifiés par le programme économique du gouvernement, et enfin
  • Le rôle d’interface dans la circulation de l’information économique et financière entre opérateurs économiques des Ambassades et ceux d’ailleurs »
  • En outre, la Conférence a recommande que « le rôle économique des Ambassades soit renforcé et qu’en raison de la mondialisation des échanges et de la vigueur de la compétition économique internationale, le diplomate ivoirien soit désormais proactif en matière de veille économique, commerciale, industrielle et technologique au profit du gouvernement et des opérateurs économiques nationaux afin que ceux-ci exploitent systématiquement les informations pour leur décision stratégiques ».

         2/ Les Actions collectives  concrètes à entreprendre pour les Ambassades :

  • La constitution de base de données d’information et de documentation économiques et commerciales régulièrement actualisées « à l’effet de répondre aux différentes sollicitations » (site Internet et CD roms, vidéothèque, photothèque, fiche signalétiques sur les entreprises étrangères opérant en Côte d’Ivoire, informations techniques sur les différents codes d’investissement (minier, pétrolier, télécommunications, etc.) ;
  • La réalisation d’un guide des affaires, des exportations et des investissements de chaque circonscription diplomatique.

       3/ Les Actions collectives concrètes des promotions économiques et commerciales :

  • Prospection des marchés extérieurs ;
  • Participation active aux missions du gouvernement à caractère économique, commercial agricole et touristique dans leur circonscription ;
  • Soutien aux contacts des opérateurs économiques ivoiriens avec les milieux d’affaires de leur circonscription;
  • L’organisation de séminaires, sur les potentialités économiques, les opportunités d’affaires et le tourisme dans les différents centres économiques et pôle de développement de leur circonscription ;
  • L’organisation d’expositions sur les produits manufacturés ivoiriens;
  • La participation aux différentes foires commerciales et touristiques organisées dans le pays hôte ;
  • La publication et la diffusion d’informations pertinentes sur l’environnement économique et les secteurs d’activités industrielles de notre pays dans les journaux spécialisés ;
  • L’invitation au Maroc de personnalités influentes des milieux d’affaires.

Les racines du pouvoir d’un pays dans la société internationale ne résident pas seulement dans les aspects les plus lourds et concrets de sa puissance : ressources de son sol et de son sous-sol, population, industrie, armement, PNB. Depuis 1990, la notion de soft power est devenue banale dans les théories des relations internationales. Le soft power correspond à la capacité d’attraction exercée par le modèle culturel d’un pays et à la possibilité pour celui-ci de faire accepter par les autres sa propre vision du monde[5]. En fait cette expression et notion à la mode ne font que formaliser des pratiques internationales anciennes. La culture est depuis très longtemps utilisée par certains États comme assise de leur rayonnement économique[6].

         VII/ THEORISATION DES PRATIQUES DU LOBBYING ET DE L’ECO-DIPLOMATIE

Depuis 1990, la notion de soft power est devenue banale dans les théories des relations internationales. Le soft power correspond à la capacité d’attraction exercée par le modèle culturel d’un pays et à la possibilité pour celui-ci de faire accepter par les autres sa propre vision du monde[7]. En fait cette expression et notion à la mode ne font que formaliser des pratiques internationales anciennes.

La France, à la ressemblance du Maroc pour raison historique des liens de Protectorat du pays  durant ½ siècle par défaut, a été pionnière en la matière. Depuis François Ier, ses diplomaties culturelle et commerciale ont été fortement imbriquées l’une dans l’autre. Les traités signés par François Ier avec Suleiman le Magnifique ont fait du Levant le terrain privilégié d’une coopération à la fois commerciale et culturelle. Les Consuls et l’Ambassadeur de France à Constantinople étaient les garants  de la protection des intérêts commerciaux et religieux des individus et des communautés catholiques dans l’Empire ottoman.

Tandis que des règles et tribunaux spéciaux protégeaient les commerçants installés sur place ou en transit, des congrégations religieuses sans cesse plus nombreuses se multipliaient dans toute cette zone, ouvrant des écoles et donnant un enseignement en français. Elles formèrent en français les enfants d’élites locales. C’est ainsi qu’est née la pratique de la francophonie, même si le mot n’est apparu qu’au XIXe siècle. Ceci montre qu’une politique culturelle extérieure peut précéder, accompagner une diplomatie économique avec laquelle elle se confond même totalement.

La culture débouche sur l’économie de plusieurs façons : elle peut devancer des opérations économiques, les faciliter, les entretenir. La culture elle-même constitue un marché qui ne peut laisser indifférente l’économie. Un grand succès culturel, un patrimoine historique et architectural, des richesses en tableaux, en antiquités, attirent des clients, des visiteurs dont la présence a une valeur marchande pour le pays qui les reçoit. En fait, ces liens entre culture et économie ne constituent pas forcément une donnée dont tous les pays tirent le même usage.

La culture est en effet un terme générique qui peut être décliné de multiples façons. La définition de la « culture » varie selon les pays. Les secteurs qui font partie du domaine « culturel » ne sont pas toujours les mêmes. Scientifiquement, aucune définition véritable ne peut lui être donnée : le concept de culture est flou et n’a jamais cessé d’être réexaminé et repensé par les anthropologues, les sociologues, les politologues. « La notion de culture pose immédiatement des problèmes qui sont ceux de son emploi au singulier et au pluriel.

Si la culture -au singulier ou une majuscule- est l’attribut distinctif de la condition humaine, quels traits universels inclut-elle, et comment définira-t-on sa nature ? Mais si la culture se manifeste seulement sous des formes prodigieusement diverses qu’illustrent, chacune à sa façon, les milliers de sociétés qui existent ou ont existé sur la terre, ces formes sont-elles toutes équivalentes ou sont-elles passibles de jugements de valeur qui, dans l’affirmative, retentiront inévitablement sur le sens de la notion elle-même [8] ? »

Plusieurs problèmes métaphysiques se posent : la culture peut-elle être considérée comme une marchandise comme les autres ? Comment concilier la liberté d’invention et de création de l’artiste avec un financement soit public soit privé ? Au nom de quelle vérité esthétique l’État choisit-il de subventionner telles œuvres plutôt que telles autres ? La culture doit-elle être protégée et aidée pour subsister dans un monde mercantile ou doit-elle affronter la liberté pour être elle-même ? À chacune de ces questions des réponses différentes peuvent être données. Ces conceptions variables de la culture conduisent à diverses formes de stratégies culturelles dont les implications sur la diplomatie économique ne sont ni identiques dans la pratique de l’éco-diplomatie et du lobbying.

Par ailleurs, l’éco-diplomatie et le lobbying ne sont  théoriquement pas monolithiques et sont de nature très différente selon les régimes politiques et la conjoncture économique et culture sociologique de chaque pays. Dans le monde arabo-musulman, face à l’universalisme occidental, les Etat arabes réactualisent leur patrimoine, surtout quand ils sont en mesure de répondre par un autre universalisme aux valeurs dominante : l’Islam. La stratégie du défi se révèle d’autant plus efficace que l’occident va de pair avec un essoufflement de la modernité. Aujourd’hui, la croyance dans celle-ci est en crise. De cette  « dépression occidentale » profitent surtout les Etats arabes qui offrent, en alternative au modernisme déficient, une culture puisée dans les certitudes de la cité idéale islamique.

La crise paradoxale de l’occident explique, sans doute pour beaucoup, la redécouverte des dimensions sociologique du « culturel » une redécouverte semblable à celle que l’on a fait du « politique » des années soixante au moment ou l’on commençait à être sensible à la crise de l’Etat moderne. Par contre aujourd’hui, ce n’est plus seulement l’Etat, serviteur infidèle de la modernité des institutions politiques et du développement économique, qui est en cause, c’est la modernité elle-même. Il convient ici de se garder des réponses hâtives.

Les discours  MAE  sont familiarisé le patronat avec une certaine information sociopolitique, les sensibilisent aux problèmes de la diplomatie économiques c’est-à-dire un état d’esprit moderne qui légitime le lobbying de l’économie comme nouvelle contrainte dominante de l’Etat.  Le nouvel enjeu de la mondialisation sans frontière économique et culturelle le plus évident pour  du  MAE est le rapport de l’Etat à la dérégulation de l’économie.

Un débat sur les questions d’ordre économique est un véritable drame dans les MAE parce qu’il ne place pas les acteurs de la diplomatie face à face devant une table de négociation, il oppose l’Etat au lobbysme des entreprises  ou des multinationales, le libéralisme au protectionnisme, le secteur public au secteur privé, le dilettantisme de l’entreprise marocaine au dynamisme économique de l’Etat, la régulation et le pari de déréglementation, auquel il faut ajouter la défense des intérêts de forces possédantes (patronat de propriété) opposées aux forces dirigeantes (patronat de fonction), la lutte des classes à la lutte des places, la démocratie pour tous à la méritocratie pour chacun.

Aux influences des institutions « orientales » de l’Etat théo-marocain s’ajoutent les influences des institutions  « occidentales » qui, perverties, sans doute, par le protectorat, introduisent, malgré lui, au Maroc, les notions de liberté publiques (déclaration des droits de l’homme et du citoyen), les institutions à caractère électif (les chambres de commerce et d’Industrie, les associations, les organisations politiques et syndicales), la diplomatie conventionnelle, mais aussi une éco-diplomatie avec ses sous marins des acteurs du lobbying économique et politique.

La leçon qu’il faut retenir de cet affrontement institutionnel est une leçon d’une nouvelle société marocaine aux valeurs éclatées pour la génération d’après l’indépendance du pays, évoluant inéluctablement et irréversiblement vers un genre, un style et un type de société occidentale avec d’autres approches méthodologiques peu orthodoxes, à la limité du légal, du légitime et non-dit culturel dans les négociations publiques.

Cette situation de transition actuelle nous conduit naturellement aux problèmes, presque impossible, que constituent le développement de l’économie marocaine, si peu fragile, si peu ossifiée, si peu vertébrée pour affronter la déréglementation économique de la mondialisation ou celle-ci les secteurs économiques, en dehors des délocalisations des métiers de l’offshoring, puisent tantôt leur rajeunissement, tantôt asymptote à la ruine.

C’est à ce titre que l’Etat du Maroc, depuis l’indépendance du pays à nos jours fut le premier moteur et pôle de développement, le premier entrepreneur, le premier décideur, le premier acteur économique. L’Etat a le don d’ubiquité dans tous les acteurs stratégiques de développement. C’est dans ce contexte sociologique que s’opèrent les contradictions économiques depuis 1956 ou bourgeonnent des plans quinquennaux, triennaux .aujourd’hui les planifications délaissent les plans au profit des orientations générales des gouvernements élus.

VI/ L’APPORT DE LA CULTURE DE L’ECO-DIPLOMATIE/ LOBBYING

La notion de diplomatie économique est difficile à définir : d’une part, parce qu’elle a des acceptions différentes selon les acteurs et selon les pays et les gouvernements et, d’autre part, parce qu’elle se définit « non par ses instruments, mais par les problèmes économiques qui lui donnent son contenu » [9]. On le voit aujourd’hui avec la question des investissements étrangers qui trouve sa place dans le récent plan d’action du ministre des Affaires Étrangères[10]. En France, la notion de diplomatie économique « renvoie essentiellement au domaine des négociations commerciales internationales, (…) et au développement de la diplomatie économique multilatérale [11] » avec le GATT à partir de 1945, puis avec l’OMC à partir de 1994.

Ramenée à l’échelle d’une entreprise, « tout l’enjeu de la diplomatie économique consiste à trouver les bons « leviers d’action », à identifier les bons décideurs et à les influencer dans un sens favorable aux intérêts de cette entreprise, tout en restant dans un cadre conforme aux valeurs éthiques généralement admises »[12]. Certains parlent, enfin, de ‘’Business Diplomacy’’[13]  pour qualifier le développement par les grandes entreprises de leurs propres initiatives au travers de plusieurs canaux.

C’est dans le contexte des crises successives que l’on peut saisir, avec le recul, à la fois la marocanisation 1973 et à la fois la démarocanisation 1983 et la privatisation en 1998 et la déréglemen tation de la scène économique dont le second acteur est l’entreprise.  Face à ces multiples contraintes de l’économique, la tentation devient grande de les gérer, voire de les maîtriser plutôt que les subir, de substituer des stratégies de négociation politique aux stratégies d’adaptation de faiblesse, de privilégier des stratégies offensives par rapport aux stratégies défensives du Ministère des Affaires étrangères. Les stratégies de négociation politique conduisent le MAE à privilégier la rationalité des modèles de décision, à imposer la réalité des prix dans un langage plus économique, mais en tenant compte des contraintes sociopolitiques de l’environnement des marchés internationaux[14].

A cet égard, la diplomatie économique du MAE qui, en tant qu’espace de négociation, de concertation, souvent de marchandage ou de casuistique au sens sociologique du terme qui est un trait culturel de la culture, a concentré un pouvoir de domination économique, influence son environnement socioculturel interne. L’entreprise marocaine exportatrice est devenue de fait une unité politique.  Les rôles s’inversent avec le lobbying, L’Ambassade à caractère politique devient un espace de négociation discrète de l’économique, sans y être formé  par les écoles, en dehors de la pratique des situations de fait.

Au fur et à mesure que ces processus de négociation économique s’institutionnalisent enjeux stratégiques de la politique, dans le nouvel enjeu de la mondialisation de l’économie, deviennent soit d’ordre économique, soit d’ordre politique et remettent en question, dans tous les cas de figures, en même temps la centralisation des décisions politiques de l’Etat.

La présence simultanée de ces deux stratégies internes et externes, en général difficile à distinguer, s’exprime à l’image de la société marocaine bicéphalisées,  à travers l’existence d’une MAE-Janus à double visage. L’identification des stratégies d’ordre économique, ou d’ordre politique nous amène à nous interroger pour savoir si elles sont les Ambassades du Maroc sont-ils des entreprises organisationnelles ou des entreprises institutionnelles ?

Si l’activité du MAE agit comme « l’entreprise-organisation d’ordre économique» est déterminée par les contraintes externes de l’environnement de la mondialisation, l’Ambassade marocaine adopte une stratégie économique d’adaptation défensive et de faiblesse et se présente à la table de négociation comme une organisation économique ayant un caractère purement instrumental d’unité éco-diplomatique dont il reste à développer le lobbysme pour s’en sortir par l’influence et le travail des coulisses ou des amendements juridiques dans les Assemblées générales

Si par contre l’activité des MAE qui, agit comme filtre  d’une « l’entreprise-institution  politique» est conditionnée par le dynamisme de la motivation des acteurs de l’éco-diplomatie et du lobbing, en dépit des contraintes externes de l’environnement de la mondialisation sans frontière, les Ambassade qui, adopte une stratégie offensive dans le pays d’accueil, se présente à la table de négociation comme une institution ayant le caractère d’une unité politique .  L’une des stratégies est en général dominante par rapport à l’autre en fonction de deux variables.

1/En période de croissance économique  du pays : Peut-on assurer que le MAE agit comme manager dans une entreprise-organisation, ayant un caractère d’une mission d’ordre éco-diplomatique est plus dominant, le MAE privilégie le lobbying, en cherchant les Investissements Directs de l’Etranger, met en valeur sa stabilité politique tout en restant passive par rapport aux contraintes externes de la mondialisation sans frontière économique?

Les investisseurs cherchent la rentabilité dans le court terme parce que le monde arabe, exception du Maroc, est rentré dans une logique des sociétés à risque politique à la recherche de la Bonne Gouvernances et les valeurs de la démocratie pluraliste comme un ascenseur social pour les élus notables qui n’ont pas de diplôme, et pas de métier professionnalisé. D’où plus de 50 % d’analphabètes dans les pays de Maghreb dans les Chambres de Parlement, sanctuaire des lois, pour protéger leurs intérêts avec les délits d’initiés et la recherche de l’immunité parlementaire.

2/En période de crise économique : Peut-on assurer que le MAE agit avec un Discours de la  diplomatie conventionnelle comme  dans une entreprise-institution, ayant un caractère d’une mission d’ordre politique qui semble d’être plus dominant, le MAE privilégie dans un environnement instable économiquement, non pas le lobbying éco-diplomatique, mais  privilégie les stratégies de négociation de type politique des accords de pêche, d’agriculture, de partenariat, d’association avec l’Europe, de libre échange avec les USA, les Emirats Arabes, l’UMA etc…

VII /CONCLUSION

Ces deux types de stratégies d’ordre politique ou économique s’opposent-ils ou se supposent-ils avec les deux concepts de l’Ambassade-organisation ou l’Ambassade-institution ? Au Maroc, la distinction entre les pratiques du Lobbying et de la diplomatie économique, n’a pas de sens juridique réel, les Ambassades du MAE trouvent leur racines moins dans un phénomène de taille (qui ne représente d’ailleurs que la conséquence possible) que dans un phénomène de pouvoir de l’information asymétrique.

La  France à la différence de la France, dès les années 1980, son architecture n’a pas résisté à la mondialisation, les structures étatiques devenant de plus en plus marginalisées. Les inflexions apportées au  système français puis son démantèlement partiel ne seront pas, pour autant, satisfaisants. Les entrepreneurs français « tenus pour les plus dynamiques » [se montrent] dubitatifs vis-à-vis des services rendus en 2007-2008 par les Missions économiques et Ubifrance ».

Les finalités du dispositif sont progressivement remises en cause avec l’aggravation du déficit commercial de la France. Certains observateurs vont jusqu’à désigner la responsabilité de la puissance publique dans l’entretien d’une certaine inertie des entreprises face à la conquête des marchés extérieurs.

Dans le même temps, les entreprises – essentiellement les grands groupes – se sont progressivement émancipé des circuits étatiques de l’information et des canaux diplomatiques publics en pratiquant eux-mêmes une diplomatie d’affaires en faveur de leurs intérêts. On parle aujourd’hui de plus en plus, notamment dans les grands groupes, de diplomates d’entreprises 17 actifs sur le terrain du lobbying, de l’influence et de la diplomatie.

Certes, cette diversification des acteurs n’est pas nouvelle mais ces nouveaux canaux diplomatiques sont, désormais, indépendants des canaux étatiques. L’exemple français n’est pas exceptionnel. En Turquie, le secteur privé turc devient ainsi un acteur central du rapprochement économique avec l’Afrique et exerce « de plus en plus d’influence dans le processus de prises de décision et prépare (…) actuellement toutes les visites du Ministre du commerce extérieur Turc et du MAE « [15].

LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE SOUS LA FORME DUN NOUVEAU TRIANGLE RELATIONNEL 

Si les grandes entreprises n’ont plus les mêmes besoins vis-à-vis de cette diplomatie économique, cette dernière ne bénéficie pas non plus aux PME, le réseau des Missions économiques étant peu enraciné dans la réalité économique. Il en est résulté une difficulté croissante à « définir une relation, à la fois saine et efficace, entre la puissance publique et les entreprises travaillant à l’étranger notamment les banques marocaines et l’artisanat, les sociétés minières, et les Télécoms du Maroc, le transport aérien fut un échec en raison des difficiles économiques ».

Le MAE n’est que le reflet de la société makhzenniène est en train de prendre conscience des exigences radicales de sa modernité. Se priver des certitudes traditionnelles et des croyances religieuses, c’est se jeter dans une aventure indéfinie et inquiétante. Supprimer les fondements islamiques de la vie sociale, c’est soit essayer de vivre et de penser sans garanties futures, soit chercher de nouvelles religions modernes, sans transcendance, telles que marocanisations/ démocratisation, protectionnisme, libéralisme, régulation /dérégulation de l’économie, autoritarisme / démocratie.

Le reflux de ces ‘’religions horizontales’’, pour employer une expression de A. Camus, a laissé un vide que la modernité, a comblé, par la croissance de la consommation urbaine et la transformation des modes de vie. Mais ce qu’on appelle la crise, en arrêtant ce progrès, suscite des interrogations fondamentales. Le capitalisme, le socialisme, le libéralisme, le protectionnisme et la nouvelle croyance de la dérégulation  économique des organisations et des institutions circulent de la même façon dans le monde entier  en détruisent-ils les cultures identitaires étatiques particulières.

Les économies mondialisées ont leurs propres lois. La dérégulation économique passe par la dérégulation politique et la démocratisation des institutions. La modernité confondue avec technicité et occidentalité, apparaît moins comme une période de l’histoire, définit qu’une idée régulatrice, une culture, un état d’esprit qui s’impose au Maroc. Le principe générateur du dynamisme de la modernité, c’est que rien n’est sacré. La modernité ne s’arrête pas. Elle perce le mystère de la nature et de la culture.

Jusqu’alors, les civilisations traditionnelles qui se réclament des textes révélés par Dieu, ou par des légendes héroïques, ou des tabous, donnent une philosophie des modèles, des normes et des valeurs culturelles, définissent leur identité, pratiquent une sorte d’automutilation culturelle. Le modernisme n’a pas de discours fondateur : c’est la raison pour laquelle il est difficile d’en définir les limites.

La modernité c’est le mouvement plus l’incertitude, écrit Georges Balandier. L’imaginaire est mis en œuvre par l’un, et par l’autre. Il y perd une partie de ses principes fondateurs, dans le temps et dans l’espace. La modernité est une drogue. Elle pénètre de force la culture et la nature. Elle au centre de toute organisation, institution ou association. Elle pose des problèmes moraux, sociaux, et surtout politiques, car la démocratie, qui a maîtrisé la politique, cherche ensuite à discipliner l’économie. Après avoir intégré la vie sociale à un ordre rationnel elle ne progressera qu’en étendent la maîtrise de l’enjeu culturel, à tous les points de repère de la société.

La culture marocaine a finalement trouvé dans le MAE  du Maroc, un centre de la vie économique, une source d’un renouvellement qui va du Maroc agricole au Maroc industriel. Les ambassades s’adaptent difficilement à son environnement économique, technologique et social sans compter son environnement institutionnel et politique ? Elle est sans doute, aussi, le plus extraordinaire phénomène culturel de la modernité. En occident, l’idéologie se déplace vers l’éco-diplomatie, montée en épingle par le lobbying, valorisée par les professionnels de la communication, externe et interne, qui perçoivent d’en haut un véritable créneau prometteur  pour le label politique d’un pays et promoteur pour l’économique d’un pays.

Au Maroc, l’entreprise constitue peut-être un fond politique ou un prétexte économique de maximisation de profits par une classe politique conservatrice qui se révèle aujourd’hui incapable d’avoir une vision lointaine et en stratégie de longue portée, la dérégulation économique imposée par l’Etat est aussi le symptôme d’une profonde inquiétude d’un Maroc bicéphalisé, pour des raisons d’une commodité typologie,  une classe élitaire qui détient tout les pouvoirs, autocratique dans les formes archaïques du despotisme oriental, bastion du conservatisme social, et une classe populaire  qui  subit les stratégies politiques d’un gouvernement conservateur sans avenir et sans vision.

Il n’y a pas de mauvaises politiques des MAE, il n’y a qu’un mauvais Ministre-leader. A l’épicentre de ces mutations se place l’économique. Elle en est l’une des causes et elle en est le reflet. La mutation de l’éco-diplomatie et la maitrise des techniques du lobbysme  au  MAE répond à la mutation de la société politique du Maroc, répond à la mutation à Risque ?

C’est à l’esprit entrepreneurial du MAE que l’on doit l’émergence des techniques nouvelles. La diffusion très large de biens nouveaux constitue un phénomène culturel de très grande ampleur. Si les modes de gestion des Ambassades doit changer  et le mode de vie des  directeurs centraux ont changé, les valeurs socioculturelles et le style des ministres  des Affaires Etrangères  conservateurs qui l’anime, n’ont pas changé. Il faut de la formation et du recyclage au goût du jour et du goût des valeurs de la mondialisation.

L’histoire conditionne les perspectives futures du MAE. Si les pratiques culturelles passent de génération en génération sans passer par une explication, le principe générateur des pratiques se modifient sous la pression des exigences de la modernisation des Ambassades sans toucher au code culturel  des conservateurs.

Les praticiens de l’’éco-diplomatie et du lobbying sont responsables des actes de l’école  en l’occurrence (MAE) et des normes politiques culturelles qui transmettent par une espèce de traditionalisation des pratiques sur le terrain sans être théoriser, mais ils ne sont pas responsables du code culturel du MAE.

Ces pratiques culturelles que l’on retrouve dans toutes les organisations propres à chaque pays peuvent être théorisées non seulement à travers les modes de gestion des Ambassades-organisation d’ordre économique ou des institutions d’ordre politique, mais aussi fonder d’une image de la diplomatie Made in Morroco, considérée comme une carte identitaire avec un label culturel d’un pays en faisant du ‘’Marketing international, mais du Maroc-keting local’’.

PLAN DACTION EN NEUF POINTS DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGERESEN FAVEUR DE LA DIPLOMATIE ECONOMIQUE

Inspiré des sources de la correspondance économique, certaines recommandations sont importantes à adapter  pour le Royaume du Maroc, à titre de comparaison, elles sont simples, mais il faut les intégrer dans les structures et la culture du MAE par la Formation et le consulting.

  1. Faire du soutien de nos entreprises à l’international, en particulier les PME et ETI, de la promotion de la « destination France » pour les investissements étrangers, une instruction prioritaire et permanente de notre réseau diplomatique.
  1. Créer au MAE une Direction spécifiquement dédiée au soutien aux entreprises (grands groupes mais aussi PME ) et aux affaires économiques.
  1. Positionner les Ambassadeurs à la tête de l' »Équipe du Maroc de l’export », en rassemblant sous sa tutelle l’ensemble des structures publiques d’appui aux entreprises à l’international, et en les simplifiant (…).
  1. Mettre en place, au sein de chaque poste diplomatique traitant d’enjeux réglementaires ou normatifs des procédures simples permettant aux entreprises d’exposer en amont et dans le cours des négociations, leurs attentes, leurs préoccupations et leurs attentes. Dans les négociations internationales, le principe de réciprocité sera systématiquement défendu.
  1. Renforcer la dimension économique dans les visites et entretiens ministériels.
  1. Développer les liens entre nos outils d’influence (formation des étudiants étrangers, bourses pour les Africains, réseau scolaire à l’étranger, Facebook et  sites visites du Maroc des Centres culturels marocains, etc.) et la promotion de nos intérêts économiques.
  1. Désigner, pour quelques pays, des personnalités de stature internationale afin d’y accompagner notre diplomatie.
  1. Renforcer la dimension économique de nos diplomates et encourager les profils disposant d’une compétence économique, notamment dans les domaines de l’export, des problèmes spécifiques aux PME, de l’innovation.
  1. Ouvrir davantage le MAE aux entreprises et développer le dialogue régulier avec les partenaires économiques et sociaux (journée annuelle « portes ouvertes du MAE du Maroc », messages aux entreprises dans le cadre des points de presse, diffusion des informations économiques sur les sites Internet et les réseaux sociaux du MAE).

Par Pr Abdelatif FEKKAK (PES)

Président de GEM+ (Classes Prépas +Masters)

Triple Doctorat (Sc Po, Gestion et Economie) Paris IX Dauphine

Secrétaire Général  du Maghreb +

[1] Pr Abdelatif FEKKAK (PES) qui, est un Ex-Professeur de management et de Politique générale et de théorie des Organisations à l’ISCAE durant 30 ans et Past-Professeur-visiting at Georgetown university (Washington DC) durant 3 ans, est détenteur d’un triple Doctorat : Un Doctorat d’Etat en économie de (1999) Université  Hassan II /Casa, Doctorat es Sciences de gestion et d’organisation (Paris XI Dauphine Université 1985, et un Doctorat de 3è cycle en Sociologie politique (Paris X Nanterre Université et EHESS 1976, thèse dirigée par le Pr Raymond Aron. Master sur le développement biculturel des entreprises du monde arabe (Euro-Arab Management School-EAMS) en Espagne 1994. Consultant  international en formation et organisation BM, BAD, FIDA, FAO, OMS, GTZ ; liste sur le blobspst Pr Abdelatif FEKKAK et Facebook/FEKKAK Abdelatif ./.

[2] La casuistique est une forme d’argumentation utilisée sur la base d’un Discours ex-cathedra du Makhzen, fondé  sur la théologie morale de l’Islam, en droit, en médecine et en psychologie de masse. Elle consiste à résoudre les problèmes posés par l’action collective concrète au moyen de principes généraux et de l’étude des cas similaires. Le mot « casuistique » vient du latin casus qui signifie: un événement, ou ‘cas’ particulier. Dans un sens plus général, la notion du Makhzen psychologie est la connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d’une personne et des manières de penser, de sentir, d’agir qui caractérisent un individu ou un groupe en raison de la production du moule éducatif du Makhzen (qui représente la culture de l’Etat théo-juridique du Maroc). Ce n’est, ni un marchandage de type oriental, ni une négociation de type ‘’win/win’’, mais un Discours univoque, où l’on n’accepte pas le non (la négation) ou un avis contraire parce que l’on profondément touché à mort dans son amour propre. Pour éviter d’être affronter un ‘’non éventuel’’, il vaut désigner un ‘’médiateur’’(Samsar) qui amortit la thérapie de choc culturel. Moralité de l’histoire : on ne reçoit pas le choc culturel du non en plein figure, mais la thérapie pour changer d’avis. Article N° I le Makhzen a raison de dire ce qu’il veut pour, non pas négocier mais imposer, mais si l’interlocuteur n’a pas tord de négociation ses intérêts, alors le médiateur (rakkas) vous propose de relire consciencieusement l’Article N°1 de manière équivoque. Cette méthode fonctionne bien pour la politique intérieure, mais pour la politique extérieure d’un pays. On n’est victime et la merci du même style de gestion au niveau ministériel des Politiques publiques où l’on ‘’extériorise’’ inconsciemment  dans le Discours des affaires étrangères, ce qui est ‘’intériorisé’’ par la culture interne du Makhzen. La casuistique fut utilisée comme une méthode de recherche adoptée dans l’enseignement de la religion et de la psychologie en vue d’inculquer un code moral. Elle fut également adoptée pour l’étude de faits particuliers afin d’aboutir au dégagement de lois générales. Elle s’inscrira dans les textes philosophiques grecs (Socrate, les Cyniques et les Stoïciens), puis dans le confucianisme, le judaïsme talmudique, le christianisme et dans l’islam

[3] Séminaire de 2 jours en janvier 2013a été organisé à Rabat par la direction de la Formation dans un très Place de la ville,  co-animé  du séminaire, consultant en matière de formation Dr Zakaria Benomar Fares, Docteur de gestion de l’université de Rennes de

[4]  En 1563, poète engagé, il publie une Remontrance au peuple de France, puis La mort de Charles IX ne sembla pas avoir changé les faveurs « Prince des poètes et poète des Princes », Pierre de Ronsard, est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, a touché aussi bien la poésie engagée et « officielle » dans le contexte des guerres de religions avec les Hymnes et les Discours (1555-1564), que l’épopée avec La Franciade (1572) ou la poésie lyrique avec les recueils Les Odes (1550-1552) et des Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour Hélène, 1578).

[5] J. Nye, Bound to lear, New York, Basic Books, 1990.[6] Marie-Christine Kessler, Directrice de recherches émérite au CNRS. [7] J. Nye, Bound to lear, idem .[8] C. Lévy-Strauss, Discours au 60e anniversaire de l’Unesco,16 novembre 2005.[9] Laurence Badel, Introduction, « Diplomaties en renouvellement », Les Cahiers Irice, n°3, 2009, note 39.[10] Laurent Fabius, « La diplomatie économique, une priorité pour la France », Les Échos, 23 août 2012.[11] Laurence Badel, « Pour une histoire de la diplomatie économique de la France », Presses de Sciences Po,Vingtième siècle, Revue d’histoire, 90, avril-juin 2006, p. 169.[12] Alex Kateb, « Diplomatie économique et stratégie d’influence : Français, encore un effort », Géoéconomie,17 déc 2010.[13]  « Business diplomacy pertains to the management of interfaces between the global company and its multiple counterparts and external constituences« , selon Raymond Saner et Lichia Yiu, Working Paper, 2001.[13]Amine Dafir, « Le Maroc à l’assaut de l’Afrique : rôle de la diplomatie économique », Le Cercle Les Échos,29 juin 2012.[15] 18 Amine Dafir, op. cit. Publié il y a 4th March 2013 par                 Pr Abdelatif Alexandre FEKKAK