MARABOUTISME, ETAT-MAKHZEN, TRIBALISME

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MARABOUTISME, ETAT-MAKHZEN, TRIBALISME

 

Pr Abdelatif FEKKAK

Président de la FMDEA (Fédération Mondiale de la Diversité des Euro-Africains),siège Bruxelles.

Chapeau :

Si les trois concepts qui constituent ont une mauvaise presse, les samouraïs des japonais, les cow-boys américains, le coq gaulois, l’aigle allemand sont des représentations symboliques positives différentes dans l’imaginaire des peuples. Si la plupart des études s’attachent à la doctrine folkloriques des Zaouiates sectaires du Nord o du Sud (islamistes, soufisme, salafisme, mystiscisme, tajania, derkaouia, idrissia, chichaouia etc…). Au XVIIIè s , les Sultans du Maroc les utilisèrent pour résister aux attaques portugaises et espagnoles menaçant les cotes du Maroc. Utilisés aussi par les puissances protectrices (française espagnole) qui n’aimaient pas la neutralité politique. Elles sont ‘’pour ou contre’’ selon circonstance de la situation sans ligne et sans vision politique, en dehors de leur intérêt financier du plus offrant (Les dons n’ont pas de couleurs politiques, mais un défi pour acheter la paix social).

La cellule de base d’origine (Zaouia) est au niveau pratique des confréries parareligieuses dont l’importance peut varier de quelques têtes pensantes à une agglomération tribo-familiale comprenant le Saint, le tombeau, les hôtels, les maisons d’hôte, les souk, le parking, les boucheries, les Haman, les restaurant du coin, les locations des rues pour le stationnement des charrettes, des voitures ( une industrie pour les croyants aux fariboles de la ‘’Baraka’’ ( il en existe 350.000 Zaouias au Maroc environ selon les études des orientalistes dont les interprétations des écoles soufis sont différentes…à)

Au niveau théorique : Maraboutisme, Makhzanisme et Tribalisme régional sont des concepts théologico-juridique de croyance religieuse qui traversent deux concepts fondamentaux de la sociologie politique (la communauté/Oumma) naturelle et le concept (société/création ex-nillilo) culturelle en tant que concept rationnel qui relève des règles juridiques et des normes de l’espace sociologique. Le développement de ces trois unités opératoires se situe au confluent de trois cultures : l’une gréco-latine (occidentale), l’autre de la culture arabo-musulmane (orientale) et de la culture irrationnelle en vrac, associant ‘’la baraka’’, la superstition, la sorcellerie noire et blanche des confréries semi-religieuses et semi-maraboutiques (zaouiates), voire des croyances païennes des saints, sinon des croyances primitives parareligieuses.

Le contact de trois civilisations (occidentale, orientale et protohistorique) dont on ne sait plus où est le fil d’Ariane, n’entraîne pas une adaptation lente et continue : c’est un choc culturel violent dont les conséquences se développent de nos jours. Cette lutte entre ces trois systèmes de valeurs culturelles se traduit dans des institutions Etat-Makhzen, des Partis politiques-marabouts avec les établissements non marchands à caractère public et d’une gouvernance des Familles-tribales poly-endogamiques qui (sans éthique politique, ni Ethos, ni transparence économique, sans choix d’un casting des Hommes d’Etat extraordinaires en dehors du népotisme des hommes ordinaires (des Mc Doc).

Les ‘’trop désignés pour être élus’’ sans méritocratie qui, participent sans prise de prendre conscience politique, non pas à la formation d’un Etat de droit et de la démocratie, mais confirment les pratiques des ‘’pistons’’ maraboutiques à un Etat-Makhzen de passe-droit par le népotisme tribo-familial et du clientélisme des mariages poly endogamiques, vont conditionner l’évolution des trois unités opératoires en métamorphosant la Société de confiance en formation de nouveaux citoyens en une société de méfiance clanique, transforment le mode de pensée rationnel cartésien en mode de pensée théologico-naturo-mystique en vrac et sans logique, dévalorisent la notion de la noblesse de l’Etat fonctionnel pour tous en Etat-Makhzen des privilèges anti-démocratiques, le Parti Politique devient un marabout avec un leader-saint de son vivant, capable de «ministrabiliser » n’importe quels spermatozoïdes nés dans une famille tribale régionalisée et encadrée par une confrérie naturo-mystique (Marabout, Zaouia, saint local etc)

Aux influences des institutions ‘’orientales’’ de l’Etat–Makhzanien théo-juridique marocain s’ajoutent les influences des institutions « occidentales » qui, perverties, sans doute, par le colonialisme, introduisent, malgré lui, au Maroc, les notions de liberté publiques (déclaration des droits de l’homme et du citoyen), les institutions à caractères électif (les chambres de commerce et d’Industrie, les associations, les organisations politiques et syndicales).

Le sociologue Allemand F.Tönnies qui distingue deux groupes sociaux dans les sociétés traditionnelles, affirme qu’il s’agit plus de concepts normatifs, de type idéal que d’une classification objective. La distinction s’accompagne d’un jugement de valeur : le concept de ‘’communauté/ Oumma’’ (naturo-mystique) formant dans l’esprit des confréries religieuses un mode de groupement supérieur aux concepts de ‘’société sociétaire’’ (pensée juridiquement par les régimes politiques sur la base d’une Constitution plébiscitée pour rester en place à vie).

Au niveau sociologique : La leçon qu’il faut retenir de cet affrontement institutionnel des trois unités opératoires (Makhzen, Marabout et Tribu) à travers les dents de l’histoire est une leçon d’une nouvelle société marocaine aux valeurs éclatées pour la génération X et Y d’après l’indépendance du pays en 56, évoluant inéluctablement et irréversiblement vers un genre, un style et un type de société occidentale. Tenant compte de la période transitoire à l’image vestimentaire des hommes et des femmes (Jallaba avec un costume, le voile et le Djean serré sur les fesses, voire une mini-jupe, un Djean tombant sur les fesses avec des babouches jaunes marocaines. C’est du ‘’biodégradable’’ résistant au changement comme le Makhzen et les Marabouts).

Au niveau politique : Par un paradoxe qui n’est qu’apparent, le patronat marocain évolué, fit des réformes démocratiques la base de ses revendications nationalistes. Alors qu’un Etat démocratique défendait au Maroc, des principes théologiques, qui lui étaient étrangers depuis la séparation de l’Etat de l’Eglise, par contre les héritiers de ces principes, prétendaient assimiler des institutions occidentales en opposition complète avec les influences des institutions orientales.

L’Etat-Makhzen est un complexe qui a ses propres originalités, un complexe politique, encadré, conditionné par les influences des institutions orientales para-islamiques en l’occurrence des confréries religieuses (marabouts et Tribus dynastiques biodégradables par l’histoire dont il est issu lui aussi). L’Islam de l’Etat-Makhzen tolère les confréries para-religieuses (soufistes et salafistes légales etc..), s’ils ne contredisent pas les tendances communautaires de la religion islamique. Il les maintient souvent dans une tradition réfractaire de la loi islamique, faisant par là, élever protestations violentes, nées du désœuvrement morale et du chômage des diplômes universitaires des villes, de l’échec des socialismes musulmans accrochés à la religion, par la volonté souvent contestataires de la nouvelle génération des X et Y du mouvement 20 février 2010.

Il n’est plus possible de gérer «les Partis politiques, les institutions à caractère politiques et les familles tribales sans aucune valeur de la citoyenneté pour les compatriotes marocains et pour les binationaux», si l’on n’est pas conscient de l’étroite relation entre le modèle culturel dominant de la mondialisation , envahissant ces trois unités opératoires dans les institutions à caractère politique, dans les organisations économiques, dans les associations à but non lucratif à caractère culturel et social et le niveau de performance politique l’Etat-Makhzen à régime démocratique à caractère parlementaire, voire le niveau de performance économique de la société civile qu’elle peut atteindre dans un Etat de droit, non de passe-droit, .

L’Etat Makhzen manifeste-t-il une autorité politique et discriminatoire qui ne va pas toujours dans le «droit fil» des intérêts d’une société moderne, mais plutôt dans l’intérêt des Marabouts/zaouias attisés par le souffle du froid et du chaud par le Makhzen en offrant des dons pour acheter la paix, dans l’intérêt du clientélisme des tribus familles régionalisées et régionalistes à travers les Partis politiques non-prométhéen?

Toujours est-il que ces trois institutions (Makhzen, Marabout et Tribu familial) que constitue l’aristocratie para-religieuse financières sont des moyens de chantage politique, qui de temps en temps, sinon à tous les occasions de fêtes religieuses ou fêtes politiques, permettent d’obtenir de l’Etat-Makhzen (en exercice) des avantages substantiels supplémentaires (agrément de transport, des postes ministériels, des dons, les honneurs, les valeurs symboliques) pour les familles tribales gardiens des temples des confréries para-religieuses (Zaouias du Nord et du Sud) pour faire payer cher leur loyalisme à l’égard de l’Etat-Makhzen qui joue les équilibristes et la stabilisation pour éviter de facto et de juré le pour ou contre des discours de l’Etat fonctionnel avec les exigences de la démocratie de rue ( demande des libertés, Droit de l’Homme et du Citoyen, démocratie, partage du pouvoir avec de nouvelles règles constitutionnelles etc..

Les trois unités opératoires, face à ces contextes culturels et sociaux, sont au carrefour de la mondialisation. Le progrès scientifique et le développement gigantesque des unités de production ont accéléré une série de phénomènes de la pluridisciplinarité notamment une économie sans frontière, des sciences sans frontière, des cultures sans frontière, des images satellitaires sans frontière qui exigent de nouveaux principes de gestion moderne et de nouvelles valeurs de la bonne gouvernance des Etats, des entreprises et des Partis Politiques comme seuls outils de la démocratie par le changement des projets sociétaux et l’alternance politique.

De nombreuses études démontrent que les trois unités opératoires (Makhzen, marabout, Tribu) sont traversées par les nouvelles unités modernes ‘’L’Etat, l’entreprise et la région’’ . A leur image, ces unités institutionnelles et organisationnelles sont si peu « vertébrées » qu’il est extrêmement difficile de la rattacher, en termes de structures hiérarchiques à l’un des quatre ou cinq types de la sociologie des organisations. Elles sont si peu « ossifiées » qu’ils ne correspondant également à aucune régime politique de l’Etat (ni parlementaire, ni présidentiel, ni semi-parlementaire, ni semi-présidentiel) et encore moins à aucun pôle culturel de gestion pour les entreprises (ni pyramidale, ni fonctionnelle, ni mixte).

L’Etat est-il le reflet fragmentaire de la société marocaine globale ? L’entreprise est-elle là l’image de son patronat ? Les Zaouïas sont-ils le miroir de la société semi-urbaine et semi-rurale ? L’interrogation ne relève pas de la simple curiosité de la sociologie historique. Ils portent l’empreinte indélébile de leur enfance et de leur adolescence. Ils subissent l’influence de la pratique ancestrale des institutions culturelles à caractère oriental, en l’occurrence : le Makhzanisme, le tribalisme et le maraboutisme.

Marabout, tribu et Makhzen : trois réalités sociologiques marocaines inséparables, qui doivent leur profonde originalité au milieu qui, cicatrisé par trois milieux économiques opératoires même si elles essaient de rattraper les sociétés occidentales, ne peut se détacher des barreaux de l’histoire et un mode de raisonnement non-prométhéen.

Makhzen, Marabout et Tribu et réunissent toute une génération X et Y, en pleine crise d’adaptation successive qui cherche, sans les trouver, sans y être efficacement aidée, les moyens de réaliser la transmission politique entre les méthodes de gestion des politiques publiques traditionnelles de la navigation à vue qui ne résiste plus à la modernité et à la mondialité et la modernisation des décisions rationalisées qui n’est pas qui n’est pas encore la sienne.

Le patronat est définit couramment comme celui qui dirige, assure des responsabilités, prend des risques dans l’industrie, fixe des objectifs en fonction des disponibilités humaines et matérielles, met en place une structure organisationnelle adéquate, évalue les ressources humaines, contrôle le suivi des stratégies, démystifie la gestion à vue par une gestion prévisionnelle et désangoisse le futur par des planifications.

Or, le patronat marocain est d’esprit agro paysan cultivateur, fondamentalement d’esprit terrien, de famille tribale et clanique, voire sectaire. Le patronat n’est pas une « institution » totalement indépendant de la culture de la société civile, il est même l’expression de la cité des confréries parareligieuses. Il constitue un palier de la réalité sociale, de telle sorte que les groupes sociaux (familles poly endogamiques, tribus, ethnies régionalisés) ne s’expriment, dans les villes, qu’a travers des entreprises qui peuvent être fortement structurées, sans être à proprement parler organises, parce que l’aspect culturel parareligieuse (des prières et de l’encens, des citations du Coran face aux chèques impayés, face aux stocks invendus, égorgés des coqs ou des boucs dans les lieux de travail, de la zate en plus des impôts etc..) l’emporte de loin sur l’aspect organisationnel du marché offre et de l’emploi.

Sous l’effet de la crise, le « politique » de l’Eat-Makhzen (fourni) s’efface devant « les économies » des Marabouts (cigales) et des Tribus (frondeurs). En effet, de nombreux fonctionnaires notamment des caïds, pachas, gouverneurs qui ont profité de la marocanisation du 1973 du secteur privé, pour demander leur retraite anticipée (aujourd’hui on parle de départ volontaire), ont été remerciées de leur précieuse collaboration après les deux paires de gifles tribo-berbères par les militaires fondeurs (en 1971/72), se sont transformées, avec l’accident de l’histoire politique, en petit patrons de propriété d’entreprises, transposant leur méthode de gestion à caractère public qu’ils ont apprise empiriquement le tas de l’Etat-Makhzen, aux entreprises de secteur privé.

L’aspect structurel de l’Etat, l’entreprise et la région ( remplaçant les 3 unités Makhzen, Marabout, Tribu régionalisée) telle qu’il a été conditionné à la foi par la marocanisation et l’environnement socio-culturel dans lequel elle s’est développée, fait toutefois des familles caidales une réalité originale au niveau des modes de gestion, de direction, d’animation managériale.

L’analyse empirique interne du « management des familles caido-tribales » des patronats et des leaders politiques marocains confirme ce que l’examen externe de l’Etat-Makhzen et l’entreprise-Marabout laissait déjà prévoir. Il ne faut pas s’attendre à découvrir, dans le patronat marocain, une structure complexe et perfectionnée. Il naquit hier en 1973, est en période ’’d’adolescence’’.

Aujourd’hui, quel est de participer politiquement à une société modernes et encore moins une communauté/oumma traditionnelles qui n’a ni ethos, ni confiance, ni morale, ni transparence économique, ni qualité de vie, ni ethnique culturelle. Les sociologues qui, interrogent sur les causes de la pauvreté des marabouts, des zaouias, des tribus rurales en comparaison avec les sectes religieuses occidentales ou les églises sectaires aux USA, et la dépolitisation de la communauté dont la makhzanisation des marabouts-zaouias et maraboutisation du Makhzen confirme une « démocratie sans peuple’’.

Or, les sociétés développées qui trouvent leur source dans l’Ethos ‘’des sociétés de confiance’’, dans la démocratie et la méritocratie. Par contre, les ‘’sociétés de méfiance’’ trouvent leur source dans les combine politique des marabouts/Zaouias, dans les ruses politiques du Makhzen, dans ‘’l’un de nous doit se faire avoir’’ des tribus, selon l’expression du poète Houssein Slaoui 1952. Au lieu d’avoir une sté de génération Y, on ne mérite qu’une génération de X, au lieu d’une société de respect et de citoyen, on aboutit à une sté de combine collective, au lieu d’une société de tolérance et de transpa rence publique, on se retrouve dans une Sté de pression sociales et de corruption, au lieu d’une société de méritocratie, de valeur de travail, et de civisme, on a fabriqué une Sté de népotisme, de spéculation, de rentier de situation féodale et d’incivisme.

Au lieu d’une Sté vertueuse et de compétition économique et politique, on patauge dans une Sté vicieuse, d’exclusion politique et marginalisation économique. Au lieu d’une Sté d’adaptation, d’effort collectif et de lutte des classes entre les Partis politiques, les résultats de nos sources historiques sont dans une Sté paresseuse et peureuse et une lutte des places par les tribo-familiales des Zaouias. Au lieu d’une noblesse d’Etat avec un Etat de droit, on récolte avec l’histoire, une société de nobliau du Makhzen avec un Etat de passe-droit. Moralité de l’histoire, au lieu de mériter une société de rêve et d’espoir, on aboutit à une société de croyances parareligieuses des Marabouts/zaouias, sinon à une société névrosées, névrogènes et paradoxales. On ne mérite que ce que l’on a semé dans l’histoire.

Les trois acteurs sont au centre de la plupart des débats nationaux et internationaux et particulièrement au Maroc. Ces débat culturels sur les théories de l’Etat-Makhzen, les théories des organisations des Etats-Marabouts et les théories des Etat-tribu, sont, sans doute, liés à des raisons de conjonctures politiques, économiques et sociales. Celles-ci ne font que dévoiler les véritables problèmes que pose l’école du « public choise », très largement illustrée par James Buchanan (prix Nobel de l’Economie 1986) qui se consacre pour une très large part à l’étude des relations entre économiques solidaires des trois unités opératoires (Makhzen, Marabout et Tribu) et institutions politiques qui soutiennent leur existence par les dons financiers dans le but d’éviter leur biodégradabilité salutaire.

Marabout, tribu et makhzen : trois réalités sociologiques marocaines inséparables, qui doivent leur profonde originalité au milieu dans lequel elles se développent. Ce milieu qui, cicatrisé par ces trois unités économiques opératoires même si elles essaient de rattraper les sociétés occidentales, ne peut se détacher des barreaux de l’histoire du monde oriental et du mode de raisonnement non prométhéen.

S’il est difficile, méthodologiquement, de séparer le tribalisme, du maraboutisme et Makhzanis- me, celui-là ne passe que par l’intermédiaire de l’organisation des autres Zaouiates, L’archaïsme de ces trois institutions opératoires dans le népotisme du monde politique, a mauvaise presse.

Les concepts sont employés ici pour qualifier, non pas sur le mode raisonnement à dominance religieuse du Makhzanisme dans la société marocaine, mais sur le mode de raisonnement primitif sectaire du Maraboutisme et de la pensée en vrac du Tribalisme que l’on appelle la jahiliya (l’ignorance, non pas de l’inconscience au sens freudien du terme), ce qui équivaut à un complexe émotionnel, à ce qu’on a pu qualifier de raisonnement pré-logique, imperméable à l’expérience, insensible à la contradiction, incapable de distinguer l’objectivité incertaine de la subjectivité certaine. Le cartésianisme dans cette logique n’a pas de sens, ni de place dans cette culture régressive et fermée au modernisme et à la mondialisation.

Ce terme complexe et complexé de jahiliya semble indiquer un jugement de valeur et un arrêt au stade ancien du développement culturel dans les hérésies païennes, ou les survivances de la pensée primitive transgresse le temps et l’espace des dents de l’histoire. On le retrouve dans la pratique culturelle des institutions politiques, dans les organisations économiques et les associations à but non lucratif. Au sens strict du terme, l’archaïsme maraboutique a existé bien avant l’introduction de l’islam, bien que l’action historique du Prophète ait visé à disqualifier le capital symbolique de la jahiliya (l’impensée profane) pour y substituer celui de l’Islam, mais n’a pu l’éliminer, encore moins irradier le mode de raisonnement naturo-mystique.

Dans le contexte socio-culturel islamique, la compétition ouverte par le Coran entre « la lumière de l’Islam » et les « ténèbres maraboutiques du Tribalisme » n’ont jamais cessé de se développer jusqu’à nos jours. Indépendamment du caractère biologique, la jahilisation de la pensée maraboutique caractérisées par une sorte d’infériorité raciale ou congénitale. Le critère de cette analyse est d’ordre culturel et non racial.

D’ailleurs la Grèce antique n’a pas excellé dans le progrès et l’évolution particulière d’une technologie, mais elle a préparé le terrain à la pensée rationnelle remarquable dans ses mutations culturelles. Or, même dans certaines sociétés dites historiques ou prométhéennes, le traditionalisme, caractérisé par un état d’esprit proto-ethnique, clanique, voire familial ou régional, joue au niveau institutionnel, un rôle relativement non négligeables dans l’évolution de l’esprit du Makhzanisme ambiant.

Il est extrêmement difficile, dites historiques ou prométhéennes, le traditionalisme, caractérisé par un état d’esprit proto-ethnique, clanique, voire familial ou régional, joue au niveau institutionnel, un rôle relativement non négligeable dans l’évolution des esprits.

Il est extrêmement difficile, méthodologiquement, d’isoler le niveau de la société islamique prométhéenne, de la communauté maraboutique a-historique. Un syncrétisme culturel a pu se former dans le pluralisme des réalités historique, bien que l’Islam soit contre le maraboutisme, il en tolère l’existence, faute de faire mieux.

Si le mode de pensée, caractérisant la « jahilisation des marabouts », est inorganisé, subjectif, affectivo-relationnel, le mode de raisonnement des sociétés industrielles est dynamique, évolutif, hiérarchique, et rationnels. La culture populaire et rurale est dominée par le mode de pensée de la pré-logique, et d’une mentalité prés industrielle, propre à la culture environnante des marabouts, elle n’a pas, non plus, disparue, dans la culture urbaine des institutions, des organisations et des associations marocaines.

L’une est caractérisées par un mode de pensée naturo-mystique qui s’épanouit, sans contrainte individuelle, l’autre mode de pensée rationnel est d’ordre culturel qui s’épanouit dans un jeu collectif de symboles ; fondements de toute société civilisée. Ces structures sont inconscientes dans l’action collective, mais les sociologues ne peuvent plus les ramener à leurs principes et à leurs institutions de base.

La jahiliya que l’on appelle communément ignorance, signifier plutôt mode de pensée archaïque, caractérisée non par son irréductibilité à la pensée rationnelle, mais par son indistinction entre ce qui est subjectif et certain, de ce qui est objectif et incertain. Elle, qui ne peut être réduite à ses fondements constitutifs, ne nous définit pas la quiddité de la société marocaine, mais nous renseigne sur le mode de raisonnement, pré-logique des institutions, des organisations et associations.

De nombreux historiens ont démontré la Makhzanisation des marabouts para-religieux et la maraboutisation du Makhzen du XV siècle. L’Etat-Makhzen ; le développement de l’entreprise, l’épanouissement d’un patronat rentier sont-ils le reflet de l’image de la société marocaine en stagnation qui n’évolue que par crises successives et à coups de décrets.

La vie des institutions, des organisations et des associations s’entoure volontiers de mystère, d’irrationalité, de secret. On n’obtient pas facilement des trois acteurs des renseignements précis, encore moins sur les mécanismes des rouages élémentaires de leurs organo-institutions et de leurs fonctionnements.

Il faut donc s’aventurer sur un terrain mouvant et extrêmement difficile, la gestion des institu tions étatiques, des entreprises des organisations et des associations techniques de la profession reposent essentiellement sur des pratiques culturelles, sur des normes plutôt que des règles. Ces normes non écrites qui relèvent du champ culturel dominent les règles qui reposent sur un espace organisationnel. Ces habitus culturels demeurent entièrement coutumiers, les règles de gestion appliquées par nécessités aux trois acteurs ne décrivent qu’une faible partie de la réalité empirique.

Dans une société ou 80% de la population marocaine est illettrée ou semi-illettrée, l’information verbale ou l’information asymétrique est le premier pouvoir quand elle est de première mais ou les modes de gestion, le sens, les rites, le flair des affaires sont secrets, ou les initiés les dérobent farouchement à la vie des profanes.

Publié il y a 9th March 2012 par Pr Abdelatif FEKKAK