Europe : on ferme !
L’image est trompeuse. Elle l’est d’autant plus en matière d’immigration. Comme lors de la crise de 2015, consécutive à la guerre en Syrie, on voit sur les écrans les mêmes bateaux surchargés, les migrants tentant de passer des barrières de grillage, les exilés risquant des passages périlleux à travers des cols enneigés. Alliés à la cacophonie européenne sur le sujet, ces symboles, comme dans une persistance rétinienne, font prospérer l’idée d’une Union impuissante face à une énorme vague migratoire, si bénéfique aux partis nationalistes.
Dès qu’on dépasse l’apparence, on découvre une vérité toute différente. En fait, l’histoire des migrations vers l’Europe depuis plusieurs années se ramène à une formule simple et brutale : on ferme ! L’Espagne avait pris les devants en négociant avec le roi du Maroc l’érection d’une barrière au nord du pays qui ferme en fait le détroit de Gibraltar. L’Union, sous l’impulsion d’Angela Merkel, a passé un accord avec la Turquie pour lui renvoyer, en échange de quelque 3 milliards d’euros par an, les migrants qui affluaient du Moyen-Orient, ce qui a pour effet de couper pratiquement la route orientale.