RAPPORT DE SYNTHESE ET DES RECOMMANDATIONS DU 3ème FORUM DEVELOPPEMENT MAGHREB, (Tunis),
Organisé par Attijariwafabank (Maroc) et Attijariwafa (Tunisie) du 19 au 22 novembre 2009, Présenté le Pr. Abdelatif FEKKAK qui, consultant international, est Professeur à l’ISCAE, Directeur de Recherche à l’Ecole Doctorale de l’ISCAE,
I/ PREAMBULE
Le 3ème Forum Développement Maghreb, qui organisé par Attijariwafabank (Maroc) et Attija riwafa (Tunisie) à Tunis entre le 19 et 20 novembre 09, a porté son intérêt pour cette édition sur le thème assez révélateur et anticipateur sur la construction du Maghreb économique, en l’occurrence sur la complémentarité économique du Maghreb, opportunités inexploitées et perspectives de coopération ‘’en mettant l’accent en particulier sur l’intelligence des niches économiques du Maghreb à travers 4 workshops judicieusement choisis et porteurs d’avenir :
1/ L’Agro-industriel, 2/ Les IMME, 3/ Les BTP immobilier et 4/ Chimie/Para-chimie
Les 250 participants des 5 pays du Maghreb, se sont posés plus de questions d’ordre régional sur les potentialités du Maghreb que de réponses pour leur marché local, plus d’hypothèses sur les homo- généisations des procédures multilatérales (Nomenclatures, accords bilatéraux, l’accord d’Agadir, de l’UMA etc..), que sur les incertitudes des blocages administratifs et douaniers intermaghrébins, plus d’objectivité sur les économies d’échelle et de taille critique des pôles de compétences maghrébines que sur la subjectivité personnelle des difficultés sectorielles de chacun des entrepreneurs.
L’entreprise du Maghreb avec ses secteurs économiques à forte valeur ajoutée, a été au centre de la plupart des débats régionaux plus nationaux, débat d’ordre économique sur les 4 ateliers clés de réflexion des professionnels sur l’Agro-industriel, Les IMME, Les BTP- immobiliers et la Chimie et Parachimie, concurrencée par les pays Asiatiques et les pays de la méditerranée.
Ces débats sur ces entreprises à caractère régional sont sans doute liées à des raisons de conjonctures économiques, celles-ci ne font que dévoiler les véritables problématiques que posent les leaders économiques des PME/PMI au terme d’une évolution que l’on va évoquer à la lumière du nouvel enjeu de mondialisation sans frontière économique, sans frontière culturelle, sans frontière régionale et sans frontière d’images satellitaire etc…
Que l’entreprise du Maghreb, soit publique ou privée, son destin est public dans tous les cas de figures. En mettant l’accent sur les aspects négatifs du Non-Maghreb qui coûtent plus chers que la construction du Maghreb, jusqu’alors partiellement compensés ou masquées par les aspects positifs de la croissance économique des années 1990/2000, les Etats du Maghreb ne peuvent plus être le moteur de l’économie, sinon les catalyseurs de la relance économique, ni par la demande, ni par les investissements.
Au niveau du système productif des 4 workshop (IMME, BTP, Agro-alimentaire, Chimie et Parachimie), les leaders de l’élite économique ont attendu la remise en marche des mécanismes naturels, tous au moins dans le cas où cette crise économique n’est considérée que comme l’une des résultats d’un désordre temporaire, celui provoqué par les problèmes monétaires de la bulle financière des Etats-Unis ou l’augmentation (ou la chute) brutale des prix de l’énergie.
La crise mondiale actuelle a surpris aussi bien la classe politique que la classe économique du Maghreb par son ampleur et sa brutalité. Malgré les plans de relance économique mis en place et l’injection massive de capitaux pour renflouer les systèmes financiers, la perte de confiance des acteurs économiques persiste et un climat d’incertitude domine la conjoncture mondiale. L’horizon de sortie de crise reste ainsi incertain au Maghreb. Cette crise économique, toutefois souligne :
1/ Les difficultés des PME/PMI à faire face à une croissance ralentie ou nulle.
2/ Les conséquences d’une concurrence asiatique en raison de la taille critique et de la surface de négociation des grands projets à dimension régionale.
II/ PRISE DE CONSCIENCE DU POIDS ECONOMIQUE DES PME/PMI DU MAGHREB:
A ce titre, le Maghreb est non seulement une nécessité politique, mais il est devenu aujourd’hui un impératif pour une intégration économique, pour des raisons de taille des économies d’échelles, pour des raisons de poids politique, pour des raisons d’un marché de 80 millions de consommateurs, pour des raisons démographiques, ce que la Banque Mondiale appelle aujourd’hui les trois D réalisables :
1/ Densité des villes (avec des regroupements des régions sous forme de pole de compétences avec une forte densité pour développer des marchés régionaux. La densité des villes permet de développer les avantages comparatifs des régions du Maghreb, des districts américains, des autonomias espagnoles et portugaises, des départements Français, les Landers allemands, les cantons suisses, les capitaineries brésiliennes etc..).
2/ Division des Régions économiques avec des spécialisations par région, par pays avec une intégration économique complémentaire au Maghreb, avec des immenses potentialités et des opportu- nités inexploitées, ouvrant des perspectives de coopération maghrébine ‘’en mettant l’accent en particulier sur l’intelligence des niches économiques du Maghreb.
3/ Distance des villes (Réduction des coûts de transport, des coûts de l’immobilier, des coûts de téléphone, mouvement facilité des cadres et de la main d’oeuvre etc…
Ce sont ces trois D qui différencient les villes et les régions productives des villes attractives pour développer des grandes affaires ou de services des PME/PMI qui peuvent se régionaliser au niveau du Maghreb (séduite par la productivité ou l’attractivité des codes investissements, les Offshoring, les technoparks, les technopoles, les Regroupements des GIE/GIP, se multinationaliser avec la mondialisation sans frontière économique etc..
III/ LES PME/PMI SONT-ILS UNE ARMATURE POUR LE MAGHREB ECONOMIQUE ?
Les entrepreneurs des PME/PMI du Maghreb ont pris consciences, à travers ce 3ème Forum de Développement du Maghreb, organisés à Tunis en novembre 2009 qu’ils sont devenus aujourd’hui :
1/ Des agents de Réformes économiques du Maghreb, recommandant homogénéisation des Certificats d’origine intermaghrébins, recommandant homogénéisation des procédures administratives bilatérales en multilatérales pour des nomenclatures et certificats d’origine unique pour tous le Maghreb, négociable ‘’à tirer groupé » face à la CE groupée qui défend aussi ses propres intérêts.
2/ Des acteurs de changement anticipant les politiques économiques éparpillées au profit d’un Maghreb uni, Maghreb négociateur d’une seule voix et voie économique, solidaire et complémentaire.
3/ Des figures d’évolution de la maghrébisation des esprits pour éviter le décalage culturel du Maghreb à deux vitesses et le retard technologique entre les 5 pays maghrébins.
4/ Des catalyseurs de changement pour que le système éducatif se prépare à la formation de lauréats plus à l’esprit de l’entreprenariat plutôt qu’à l’esprit du salariat, tenant compte de la mondialisation sans frontière économique et culturelle, avec les risques immédiats des sociétés sans travail, une agro-industrielle sans paysan, des IMME sans ouvrier, des BTP sans tâcheron, des laboratoire de chimie et parachimie sans pharmacien, c’est ‘’la fin du travail’’ ou la ‘’fin des marchés de l’emploi classique’’. Plaider l’ignorance n’enlèvera jamais la responsabilité des entrepreneurs.
IV/ LES PRINCIPAUX DEFIS ET 21 RECOMMANDATIONS A RELEVER DU MAGHREB ENTREPRENEURS SONT :
1/La Densification groupée du tissu productif des PME/PMI existants par pays, pas plus pas moins. 2/ La Renforcement de la cohésion sociale du Maghreb, pas plus pas moins. 3/ Le Développement régional avancé du Maghreb sous forme de districts américains ou de landers allemands ou d’un Maghreb fédéré des Etats autonomes pas plus pas moins. 4/Regroupement maghrébin en Grappe des entreprises sectorielles pour faire face à la compétitivité mondiale et méditerranéenne du Nord pas plus pas moins. 5/ Réduction du taux de mortalité des PME en raison de la taille critique, en les capitalisant avec ‘’les sucres longs’’, pas plus pas moins. 6/ Volonté politique stratégique de créer des pôles de compétences maghrébins, pas plus pas moins. 7/ Harmonisation et unification des réglementations des pays du Maghreb (Nomenclature, ouverture des douanes, base de données des statistiques du Maghreb pour les opérateurs économique) pas plus pas moins. 8/ Investir dans la qualité de la formation, ce n’est pas une charge budgétaire pour les PME/ PMI, c’est investissement rentable pour la qualité du service public du Maghreb pas plus pas moins. 9/ Unification maghrébine des ‘’certificats d’origine’’ sur la base de l’accord d’Agadir, pas plus pas moins. 10/ Mise en place d’une politique maghrébine des PME en impulsant aux Etats leur rôle de facilitateur et de catalyseur pas plus pas moins. 11/Création d’une centrale d’achat pour le Maghreb (un guichet unique privé) pas plus pas moins. 12/ Développement des sociétés mixtes maghrébines, pas plus pas moins. 13/ Création d’un centre de recherche et de Développement pour les PME/PMI en partenariat avec les universités de proximité, pas plus pas moins. 14/ Création d’une ligne maritime maghrébine, pas plus pas moins. 15/ Assouplissement et sécurisation des moyens de paiements, pas plus pas moins. 16/ Assouplissement et sécurisation des moyens commerciaux, pas plus pas moins. 17/ Les opérations sollicitent pour la prochaine édition :
A/ Des représentants des différentes administratives (Douane, Cce Extérieur, Chambre de Cce), pas plus pas moins. B/ Organisation des ateliers par cellule, par métier des IMME, de l’Agro-alimentaire, Chimie et parachimie etc), pas plus pas moins.
18/ La Bonne Gouvernance (Ethique Politique, Transparence et Qualité du service public) n’est pas un titre de noblesse, c’est une notoriété pour les entreprises à dimension régionale du Maghreb, pas plus pas moins. 19/ Le Maghreb économique est d’abord aux économies régionales sous-exploitées ce que le missile est aux sous-marins nucléaires pour les pays développés. Il sert d’arme tactique pour la conquête des marchés extérieurs et d’arme dissuasive pour la protection des marchés intérieurs du Maghreb contre la concurrence asiatique et truque, pas plus pas moins. 20/ Il est temps que le Maghreb politique pense en stratège régional pour l’intérêt public du Maghreb économique, que les entreprises (PME/PMI) ne veulent plus se batailler non seulement comme des ‘’mercantiles primitifs’’ dans un ordre dispersé face la mondialisation et face à l’Union Pour la Méditerranée (UPM), mais veulent agir dans Maghreb régional avancé(comme les districts ou les landers d’un Maghreb fédéré) à la hauteur de leurs ambitions maghrébines ( sans décalage culturel pour les uns, ni retard technologique pour les autres) pas plus pas moins. 21/ Les opérateurs économiques ne veulent pas d’un Maghreb à cinq (5) vitesses, mais préfèrent un Maghreb à une vitesse pour toutes les négociations pour l’Europe, pour les certificats d’origine, pour les nomenclatures douanières etc.. pas plus, pas moins.
V/ Conclusion du 3è Forum Maghreb Développement à Tunis :
Les PME/PMI du Maghreb qui, exportatrices de leur savoir-faire, réunissent toute une génération de dirigeants et d’acteurs économiques de changement, en pleine crise d’adaptation successive avec les crises économiques, financières, de prix des énergies, de la concurrence à armes inégales etc.., cherchent sans les trouver, sans y être efficacement aidés par la formation, ni par la coordination de l’unicité des accords, à l’initiative des cinq (5) Etats du Maghreb, les moyens de réaliser la transition de l’intégration économique maghrébine entre la navigation à vue dans un Maghreb des entreprises qui ne résiste plus au modernisme et à la mondialisation sans frontière économique, sans frontière technologique et sans la vision opérationnelle d’un Maghreb politique uni qui n’est pas encore la sienne.
Il n’est plus possible pour les leaders économiques du Maghreb des PME/PMI d’exporter leur savoir-faire, leur savoir-être et leur savoir-paraître, de comprendre la logique économi- que du monde des entreprises du Maghreb, de saisir les normes de fonctionnement de la culture de chaque pays du Maghreb, si l’on est pas conscient de l’étroite relation qui existe entre les contraintes politiques qui dominent l’édification du Maghreb et les niveaux de performances économiques et les potentialités inexploitées que les entreprises maghrébines à dimension régionale peuvent atteindre.
Le capital symbolique d’un Maghreb économique avec la création d’un label ‘’Made in Magh-reb’ n’a pas de prix politique, à l’image d’un ‘’certificat d’origine unique pour le Maghreb‘’, pas plus pas moins. ‘’La responsabilité finale de mise en oeuvre d’une décision devrait toujours être donnée à un individu et non à un groupe’’, disait Mc Kinsey, James Oscar et pour paraphraser l’une des très célèbres Patrons français autodidactes, Antoine Riboud (créateur des Danones) : « L’entrepreneur qui ne connaît pas par cœur toutes ses parts de marché potentiels, ne gère pas (son entreprise), il règne (avec le rêve politique de réaliser un Maghreb économique).
Publié il y a 16th December 2011 par Pr Abdelatif FEKKAK